TROIS QUESTIONS À…

Marc Laménie : « Il est temps de donner plus de moyens à la CIVS »

Par Philippe Sprang · Le Journal des Arts

Le 20 juin 2018 - 366 mots

Sénateur des Ardennes et rapporteur du Bilan sur la Commission pour l’indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites (CIVS).

Concernant les objets d’art, on remarque qu’ils ne représentent que 10 % du montant des indemnisations, mais qu’ils occupent plus de la moitié de vos observations et les trois quarts de vos recommandations… Le rapport parle d’un échec.

Il n’y a aucun doute sur le déficit entre les indemnités accordées dans le domaine des objets d’art et de culture et les préjudices causés par les spoliations massives de ces biens. 35 millions, c’est bien peu et quand on sait que deux indemnisations totalisent 30 millions, c’est encore moins que ce que l’on croit. Souvenons-nous quand même que 100 000 objets au moins auraient disparu et que la France a vendu de façon fautive au début des années 1950 14 000 œuvres dont les victimes ont été spoliées revenues d’Allemagne.
 

Vous plaidez pour un renforcement des restitutions des œuvres d’art plutôt que de leur indemnisation ? N’est-ce pas illusoire au regard des moyens nécessaires à la récupération et aux aléas juridiques ?

Il y a eu trop peu de restitutions. Depuis la création de la CIVS, moins d’une vingtaine ! L’état des forces n’est pas favorable au succès de la restitution. C’est pourquoi je propose une batterie d’initiatives afin de créer les conditions d’une politique plus performante. Le président de la République a manifesté une intention tout à fait analogue pour des spoliations d’autres natures.
 

Vous suggérez la création d’une CIVS augmentée dont la préfiguration s’inspirerait du groupe de travail sur les MNR. Quel serait l’intérêt pour la collectivité de poursuivre avec plus de moyens ce travail ?

On ne peut plus s’en tenir à cantonner la CIVS dans un rôle à réaction et il est temps de lui conférer les moyens d’une mission élargie de détection et de réparation. La justice n’a pas de prix. L’inaction, en revanche, à un coût. Un coût de réputation et d’honneur, et, pourquoi pas, des coûts plus sonnants et trébuchants. N’oublions pas que la France a dû payer plusieurs dizaines de millions de dollars très récemment pour réparer des préjudices remontant à l’Occupation (la SNCF ndlr).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°504 du 22 juin 2018, avec le titre suivant : Marc Laménie, Sénateur des Ardennes et rapporteur du Bilan sur la CIVS : « Il est temps de donner plus de moyens à la CIVS »

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