Marc Desgrandchamps - peintre

On y retrouve ses grandes plages de silence bleu azur, ses figures féminines flottantes, ses ombres menaçantes ainsi que des motifs fuyants obsessionnels qui, par un jeu subtil de transparences et de surimpressions, fonctionnent comme autant de bribes de mémoire et de « pièces à conviction » d’un film vu ou fantasmé. Ce peintre, nourri tant par la contemplation du visible que par l’histoire de la peinture, de Max Beckmann à Bernard Dufour, via l’expressionnisme abstrait américain, est aussi un grand cinéphile, marqué notamment par l’esthétique du vide au cinéma. Aussi, pour rentrer dans cette peinture narrative et vitrifiée, aux images rémanentes, il ne faut pas hésiter, comme le célèbre photographe de mode du film Blow Up d’Antonioni (1966), à interroger ce qui se donne à voir ; le plasticien, assez secret, précisant qu’il pratique « une peinture du doute, doute de la figure, doute de la présence, doute même de la peinture ». En tout cas, au vu de sa peinture puissante parce que résistante à toute lecture univoque, nul doute que Desgrandchamps est, à l’heure actuelle, l’un des plus grands peintres français. Souhaitons à ce Lyonnais, qui a déjà bénéficié en France de deux expositions muséales majeures (Centre Pompidou en 2006, Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 2011), d’accéder, via son entrée dans la prestigieuse galerie Lelong, à la reconnaissance internationale qu’il mérite.