Lyonnaise des arts ?

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 17 mars 2000 - 496 mots

La Lyonnaise des Eaux va-t-elle animer les musées de la Ville de Paris ? Selon les informations du JdA, sa filiale Culture Espaces, déjà en charge d’établissements de l’Institut de France, serait candidate à cette tâche.

Dans le cadre de la loi sur la délégation de service public, la Ville de Paris lance un appel à candidatures pour “animer” ses quatorze musées, mission confiée jusqu’en février 2001 à l’association loi 1901 “Paris Musées”. Les candidats doivent remettre leur dossier avant le 18 avril, 17h30. Cet appel pose la délicate question de la gestion des musées, entre rentabilité financière et préservation des missions de service public. Le débat concerne aussi les musées nationaux, dont la législation devrait être révisée avant l’automne 2000. Une mission parlementaire vient de formuler des propositions : création d’un label “Musées de France”, mais aussi levée du “tabou de l’inaliénabilité” pour certaines collections.

Filiale du groupe Lyonnaise des Eaux, Culture Espaces, société spécialisée dans la gestion des musées et monuments historiques, va poser sa candidature à l’animation des musées de la Ville de Paris. Avec un million de visiteurs dans ses sites – dont le Musée Jacquemart-André et le Musée de l’automobile à Mulhouse (lire le JdA n° 83, 14 mai 1999) –, elle veut faire valoir son expérience en répondant à l’appel à candidatures lancé par la mairie, portant sur la production des expositions, catalogues et produits dérivés de ses musées. En effet, le contrat qui lie la Ville et Paris-Musées, association de loi 1901 créée par la commune pour ces mêmes tâches, arrive à échéance en février 2001. Candidate à sa propre succession, l’association devrait remporter le marché – le choix final revient à la mairie –, mais celle-ci n’exclut pas une modification des statuts. La nature du contrat entre les deux parties pourrait être modifiée, même si la municipalité tient à rappeler son attachement au service public. La programmation et la tarification reviennent ainsi à la Ville, qui compense ces contraintes par une subvention au déléguant. Le contrat est loin de la concession accordée à Culture Espaces par l’Institut, propriétaire de Jacquemart-André : l’entreprise verse une redevance pour l’entretien du bâtiment et de ses collections, en échange de l’exploitation de celles-ci. Régie par la loi Sapin, la délégation de service public réglemente ces rapports, qui se sont multipliés dans un secteur culturel en quête de profits. Mais elle permet surtout de contourner la rigidité du droit public, inadapté à certaines missions. Elle génère alors des associations “paramunicipales” que la loi voulait justement éviter. Pour René Rizzardo, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, “la loi est inapplicable au secteur culturel, son auteur lui-même en est conscient”. Jean Gautier, directeur des Affaires culturelles de la Ville de Paris, regrette l’absence d’établissements publics commerciaux “territoriaux” qui rempliraient au niveau municipal un rôle équivalent à celui de la RMN. En légiférant, le gouvernement pourrait poser des limites claires à ce type de délégation et rappeler que le musée n’est pas un lieu de profit.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°101 du 17 mars 2000, avec le titre suivant : Lyonnaise des arts ?

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