Londres : l’école centrale du design

Le Journal des Arts

Le 13 février 1998 - 772 mots

Née de la fusion, en 1989, de la Saint Martin’s School of Art et de la Central School of Art and Design, fondées respectivement en 1854 et 1896, le Central Saint Martins College of Art and Design est la plus grande école d’art et de design en Grande-Bretagne. Enseignant à la fois l’art, le design et la mode, c’est un établissement sans commune mesure avec ses homologues français.

Le Central Saint Martins College of Art and Design regroupe trois établissements ayant chacun leur spécialité : art, mode et textile, design graphique et industriel. Il fait partie, avec quatre autres écoles, du London Institute, qui offre aux étudiants un certain nombre de facilités, notamment en matière de recherche. Située au cœur de Londres, au sein d’une concentration assez dense de musées, galeries, théâtres, cinémas, bibliothèques…, l’école possède en outre son propre espace d’exposition et son théâtre. Le Central Saint Martins College accueille près de 2 500 étudiants, venus de toute la Grande-Bretagne et de l’étranger, principalement de l’Union européenne. Lors de la sélection préalable, des diplômes de l’enseignement secondaire sont bien sûr exigés ; mais, soucieuse de faciliter à ceux qui ne les possèdent pas l’accès à la formation, l’école passe outre cette condition si le candidat peut justifier d’une expérience valorisante, aussi bien professionnelle que personnelle. Cette ouverture à des élèves de différents milieux sociaux et culturels, aux parcours divers, fait la richesse de Saint Martins. La présentation d’un portfolio, lors d’un entretien, permet de sélectionner les futurs étudiants et de définir leur domaine d’élection. Ceux qui n’ont qu’une maîtrise limitée du dessin et du design doivent effectuer une année préparatoire (“Foundation course”), voire deux s’ils choisissent de la faire à temps partiel. De 1 000 livres sterling (10 000 francs) par an en premier cycle, le coût de la scolarité varie 2 000 à 3 000 livres en second cycle. Il n’est que de 750 livres pour l’année préparatoire.
Les conditions d’études sont particulièrement favorables : une bibliothèque de 80 000 volumes, 250 périodiques, une collection de vidéos et de cédéroms, une flotte d’ordinateurs… Néanmoins, l’établissement prend soin de préciser dans sa brochure de présentation qu’une grande partie du matériel est à la charge de l’élève, ainsi que les matériaux coûteux pour la réalisation de projets spécifiques.

Des filières originales
L’école de design est divisée en plusieurs branches qui, toutes, mènent en trois ans au titre de “bachelor of arts”. La filière “Ceramic design”, inconnue en France, développe une pédagogie en trois temps. En première année, sont explorées les possibilités du matériau ; l’année suivante, les élèves découvrent les applications à un marché ou à un client particulier (comme Habitat), ou à une fonction ou à un contexte spécifique ; puis, en troisième année, ils mettent en œuvre les ressources de la technique pour ré­pondre à la commande d’un professionnel. Ce département illustre remarquablement les liens que l’établissement a tissés avec le milieu professionnel : il travaille avec Conran Contracts pour concevoir la vaisselle d’un restaurant de 1 000 places à Soho. Autre filière originale, le “Jewellery design” (bi­jouterie) attire également des partenaires extérieurs : la compagnie De Beers, par exemple, a demandé des dessins pour des bijoux.

En design graphique, les étudiants sont aussi bien formés aux techniques traditionnelles, comme la peinture, l’imprimerie ou la typographie, qu’aux nouvelles technologies. Cet enseignement, grâce auquel ils élaboreront “la “grammaire” visuelle à travers laquelle nous communiquons”, est dispensé par des designers graphiques, des typo­graphes, des photographes, des illustrateurs et des spécialistes de l’animation et du multimédia. La première année commune introduit les idées, les applications et les supports de la discipline, et permet à chacun de choisir sa spécialité : design, publicité ou illustration. Par ailleurs, des options sont proposées : design audiovisuel, typographie, imprimerie, photo et informatique. L’en­seignement comprend également des matières plus théoriques, et notamment un programme de réflexion qui s’intéresse aux structures, aux codes et au contexte historique de l’information.

En design produit, les domaines couverts sont assez vastes ; ils regroupent à la fois les biens d’équipement, les biens de consommation, le mobilier, le packaging. À ce titre, il intéresse des sponsors internationaux comme Adidas, Budweiser, Citroën, ou Fuji.

Le Central Saint Martins College propose aux diplômés du premier cycle et à des étudiants venus du monde professionnel une formation post-diplôme (“postgraduate diploma/master of art”). Les options offertes permettent d’ouvrir de nouvelles perspectives de travail et de réflexion aux designers ; un cours (“Design studies”) aborde ainsi les questions de marketing, de management, de théorie et de pratique du design. Il existe aussi un second cycle en design industriel, qui promet rien moins qu’“anticiper et mettre en œuvre le changement”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°54 du 13 février 1998, avec le titre suivant : Londres : l’école centrale du design

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