Lin Deletaille

Portraits de quatre marchands d’art africain, océanien et précolombien

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 avril 2003 - 473 mots

La passion de Lin Deletaille pour les arts premiers est doublée d’une remarquable histoire d’amour. En 1975, cette jeune et brillante étudiante californienne termine son cycle d’études d’histoire de l’art à San Francisco. Elle part immédiatement travailler pour une fondation archéologique au Guatemala et se spécialise dans l’étude des vases cérémoniels mayas (600-900), dont elle dessine et décrypte l’iconographie des glyphes. L’année suivante, un tremblement de terre interrompt toutes les fouilles. À son retour à San Francisco, elle envisage de devenir conservateur de musée. La même année, elle se rend en Europe pour participer à des séminaires et visiter des collections publiques et privées. Lors d’une escale en Belgique, elle rencontre Émile Deletaille, qui a déjà ouvert sa galerie. C’est le coup de foudre. “J’étais venue pour un mois, je suis restée six mois !” Le mariage a lieu en 1977. Vingt-six ans et trois enfants plus tard, elle forme avec son mari Émile, fondateur de la galerie rebaptisée “Lin Émile Deletaille”, un couple dont l’apport de chacun dans le secteur des arts primitifs est indéniable. Lin Deletaille a intégré petit à petit la galerie, poursuivant dans un premier temps de façon très intense ses recherches sur les vases mayas, grâce une technique photographique très pointue qui permet l’obtention d’images déroulées de pièces cylindriques. Aujourd’hui, les Deletaille marchent en tandem : “Nous voyageons, nous achetons ensemble. Nous avons une sensibilité esthétique semblable.” Tous deux montrent autant d’intérêt pour l’art africain, océanien ou précolombien que pour l’art esquimau ou relatif aux Indiens d’Amérique. Depuis les années 1990, ils se sont davantage ouverts à l’art indonésien. “Nous montrons ce que nous trouvons, mais toujours avec les mêmes exigences de qualité”, insiste-t-elle. Ils ont par exemple porté à la connaissance du public des pièces quasi inconnues d’Argentine. En 2002, ils ont suscité l’attention des collectionneurs sur une “supplicante” de culture alamito (Argentine, 0-300 ap. J.-C.), une incroyable sculpture en pierre stylisée tout en volume. En 1992, ils montent une vaste exposition au Musée royal d’art et d’histoire de Bruxelles, intitulée “Trésors du Nouveau Monde”, balayant à l’occasion de l’anniversaire de la découverte du continent américain toutes les formes d’art de l’Alaska au Chili ; la manifestation recueille un succès international. Dans leur aventure culturelle commune, ils ont pourtant gardé des rôles spécifiques. “Je m’occupe spécialement des recherches, de la scénographie et des photos des objets, précise Lin Deletaille. Nous avons aussi chacun nos collectionneurs.” Toujours avide de recherches, elle prépare l’édition d’un ouvrage sur les pierres de la création replacées dans le contexte de croyances de chaque peuple. Elle entend bien organiser sur ce même thème une exposition en 2004. Commentant son parcours, elle soutient : “C’est difficile de faire ce métier, mais c’est une aventure intellectuelle et spirituelle extraordinaire.”

GALERIE LIN ÉMILE DELETAILLE, Rue aux Laines 30, 1000 Bruxelles, tél. 32 2 5112 97 73

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°168 du 4 avril 2003, avec le titre suivant : Lin Deletaille

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