Londres

Les Trois Grâces, grand finale

Les fonds publics nécessaires à l’achat sont réunis, mais le vendeur continue à préférer le Getty

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 455 mots

Depuis cinq ans, la saga des Trois Grâces se poursuit. Le secrétaire d’État a reporté une fois encore la date de délivrance de la licence d’exportation. Une souscription nationale a permis de réunir 7,6 millions de livres, montant du prix de vente de la sculpture, mais le propriétaire souhaite vendre au Musée Getty...

LONDRES - Le 13 septembre, le juge a rejeté la demande de la Fondation Getty en vue d’une révision de la mesure prise par le secrétaire d’État, Stephen Dorrell, qui a reporté à une date ultérieure l’attribution éventuelle de la licence d’exportation qu’il devait donner avant le 5 août. Il a toutefois accepté que le Musée Getty fasse appel de la décision, ce qui semble indiquer qu’il estime que sa demande n’est pas sans fondement. La Fondation Getty l’a fait immédiatement. Le tribunal a fixé une date prévisionnelle pour l’audience, le 24 ou le 25 octobre.

Si le tribunal se prononce en faveur du Getty, le secrétaire d’État devra reconsidérer sa décision. Le choix de M. Dorrell d’exercer son pouvoir discrétionnaire en refusant la licence d’exportation a sans doute été influencé par l’opinion publique. La Cour pourrait insister pour qu’il soit tenu compte de la justice naturelle, du "fair play" et des règles internationales de courtoisie. La Fondation Getty affirme qu’elle n’a pas bénéficié d’un traitement équitable. Cette opinion est partagée par Sir Denis Mahon, pourtant ardent défenseur du patrimoine, dans une lettre publiée par The Independent. Il s’inquiète des relations futures avec les acheteurs étrangers,"si le gouvernement persiste à affirmer qu’un engagement pris par un ministre peut ne pas être considéré comme exécutoire" .

La somme équivalente aux 7,6 millions de livres – prix auquel la sculpture devait être exportée vers le Musée Getty, via la société Cayman Island Company, Fine Art Display and Investment –, a finalement pu être réunie par la Fondation du Patrimoine pour 3 millions de livres, auxquels se sont ajoutés 500 000 livres de la Fondation nationale des collections d’art, 2,2 millions de livres provenant du Victoria & Albert Museum et de la National Gallery d’Écosse, ainsi que des dons de John Paul Getty II pour 1 million de livres, du Baron Thyssen pour 800 000 livres, et du grand public, qui avait spontanément contribué avant même le lancement de la souscription, pour un total de 100 000 livres.

Luc Hafner, avocat suisse qui représente la Fine Art Display and Investment, dit que son client souhaite que Les Trois Grâces aillent au Musée Getty. Si cette société  refuse de céder la sculpture aux collections publiques britanniques – comme elle avait refusé de vendre, dans des circonstances identiques, à la société Barclay Brothers en 1990 –, le secrétaire d’État pourra refuser une nouvelle fois la licence d’exportation…

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Les Trois Grâces, grand finale

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