Milan

Les projets de la Fondation Mazzotta

\"Pour Chagall, je veux cent mille visiteurs payants\"

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 532 mots

À Milan, la Fondation Mazzotta, a choisi d’agir dans plusieurs directions : une action culturelle et une action de recherche. Elle espère pouvoir vivre de son activité, d’où la nécessité de promouvoir sa première grande exposition internationale. Celle-ci s’organise autour du théâtre juif créé par Chagall pour le Musée Tretiakov de Moscou. Elle circulera à Paris et à Moscou. Puis, la fondation présentera Boccioni, le Bauhaus, Larionov et Gontcharova.

MILAN - L’éditeur Gabriele Mazzotta n’a demandé d’aide à personne. Pendant quatre ans, il a travaillé avec la plus grande discrétion à la création d’une fondation dédiée à son père, Antonio Mazzotta, éditeur d’ouvrages d’art, collectionneur et philanthrope, mort voici vingt-cinq ans. Celle-ci s’est installée dans une ancienne filature de la fin du XVIIIe siècle, restructurée selon les conceptions muséographiques les plus modernes. Ce grand espace d’exposition a été inauguré, en avril dernier, avec une exposition consacrée au dessin italien de notre siècle.

Votre initiative a des allures de provocation au regard de l’inertie de notre ville depuis la perte, dans l’attentat de l’année dernière, de son Musée d’art contemporain.
Qu’il y ait eu un tel vide n’a rien à voir avec l’ouverture de la fondation. Quand j’ai commencé à cultiver cette idée, dans les années quatre-vingt, l’activité culturelle de Milan était intense. C’est alors que la fondation a commencé à œuvrer en soutenant des expositions et des rencontres, tout en préparant son futur siège.

La Fondation Mazzotta n’a aucune aide publique. Reven­diquez-vous l’entière autonomie d’une entreprise privée ?
Je n’ai rien demandé. Ceci dit, pour certaines manifestations, il est possible de passer des accords avec les pouvoirs publics. Ainsi, la province et la région ont participé à l’exposition Chagall qui a débuté le 25 septembre. La fondation vit de son propre patrimoine, mais elle vit aussi de son activité propre, selon le concept actuel de fondation à l’américaine, et aussi à l’allemande. En Italie, la fondation est perçue comme quelque chose de statique, d’où la nécessité de promouvoir des activités d’autofinancement.

Qu’attendez-vous de l’exposition consacrée à Chagall ?
Elle durera six mois, et je compte accueillir au moins 100 000 visiteurs pour couvrir tous les frais. Peut-être en retirerons-nous aussi un bénéfice pour d’autres activités de la fondation.

Comment est née l’exposition Chagall ?
Elle a été imaginée pour plusieurs lieux, en accord avec les musées russes et les institutions européennes et américaines. Après l’étape milanaise, l’exposition ira en mars 1995 au Musée d’art moderne de Paris. Selon les lieux, les expositions seront un peu différentes, mais le noyau central en sera toujours le théâtre juif, quarante mètres carrés de surface peinte conservée à la galerie Tretiakov de Moscou. Il y aura deux catalogues, un pour adultes, l’autre pour enfants, et, parallèlement à l’exposition, un programme de spectacles sur la culture yiddish.

Quelles sont les prochaines expositions de la fondation ?
Après Chagall, nous présenterons une exposition, déjà montée il y a trois ans à Vérone, construite autour de La mère de Boccioni, un tableau de la collection Mattioli, vu à Milan. Le Bauhaus sera ensuite à l’affiche, et en 1996, une exposition dédiée au couple Larionov-Gontcharova.

"Chagall", Milan, Fondation Mazzotta, 25 septembre-février 1995, puis en mars 1995 au Musée d’art moderne de la Ville de Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Les projets de la Fondation Mazzotta

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