Enseignement

Les écoles des beaux-arts doivent s’ouvrir sur la ville

Elles devront s’organiser en réseaux

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1994 - 606 mots

Après une large consultation, de nouvelles perspectives se dessinent pour les écoles françaises. Deux maîtres-mots, ouverture et réseaux.

PARIS - Avant la fin de l’année, la consultation, menée auprès des écoles nationales et municipales des beaux-arts par l’Inspection générale de l’enseignement artistique, devrait déboucher sinon sur une nouvelle réforme, du moins sur des aménagements de la réforme de 1988. Ceux-ci auront pour principe directeur : ouvrir davantage les écoles sur leur ville, ainsi que constituer des réseaux.

"La formation est la priorité de la Délégation aux arts plastiques, DAP, assure le nouveau délégué aux arts plastiques, Alfred Pacquement, qui reconnaît néanmoins que "les écoles sont le domaine avec lequel il était le moins familier." "Les écoles se sont déjà beaucoup transformées pour devenir des lieux actifs, plongés dans la création d’aujourd’hui", poursuit-il. "Les musées, les centres d’art contemporain ont fait l’objet, dans les années 80, de multiples débats, ou communications. Tout l’effort à mener désormais doit être de valoriser la place qu’elles tiennent dans la chaîne."

Une synthèse des résultats de la consultation effectuée pendant l’été et l’automne derniers constate une amélioration de la situation interne des écoles, mais les invite à multiplier leurs rapports avec l’extérieur. Les écoles devront développer des relations avec les autres lieux de pratique artistique, ainsi qu’avec les acteurs économiques, qui pourraient trouver leur place dans un conseil d’établissement. Le projet de l’école du Fresnoy, à Tourcoing, préfigure cette ouverture sur l’extérieur, avec des moyens importants. Créée dans un complexe de loisirs, dotée de moyens importants, l’école sera largement ouverte sur la ville, avec notamment en son sein des salles de cinéma d’art et essai.

Si les écoles sont encouragées à affirmer leur propre personnalité, elles devront également chercher à constituer des réseaux par régions ou finalités. Les quatre écoles bretonnes ont déjà amorcé le mouvement avec un concours commun. Les deux écoles de Poitou-Charentes, celles d’Angoulême et de Poitiers, se sont transformées en une école unique avec deux sites. Pour mener à bien le projet, les deux villes sont épaulées non seulement par l’État, mais encore par la Région et les deux conseils généraux de la Charente et de la Vienne.

Des projets de cette nature – un seul établissement, plusieurs sites – pourraient voir le jour dans le Languedoc-Roussillon, le Nord-Pas-de-Calais et la région Rhône-Alpes. "Un changement majeur est en train de s’opérer, constate Alfred Pacquement ; on est passé d’une ignorance totale du contexte artistique d’une ville ou d’une région à la volonté de travailler avec le réseau disponible dans sa ville." Cette nouvelle vision a l’avantage de concentrer les moyens. "La spécialisation est nécessaire, affirme le délégué aux arts plastiques, on ne peut pas tout faire partout."

Le rôle de l’État, dans ce domaine, n’est pas facile. S’il a la tutelle pédagogique sur les écoles municipales (44 sur les 55 écoles de beaux-arts de France), il contribue pour à peine plus de 10 % à leur fonctionnement. Il doit donc avant tout user de persuasion, et ne peut afficher que des ambitions modérées pour l’aménagement du territoire. "Nous ne cherchons pas, explique Alfred Pacquement, à repérer les trous pour tenter de les combler ; nous voulons appuyer des projets significatifs".

Les réflexions en cours devraient aussi conduire à quelques ajustements dans le domaine de la pédagogie. Le premier cycle devrait être peu touché ; en revanche, les 4ème et 5ème année – la tendance serait plutôt à maintenir cette dernière – seraient repensées. Une plus grande prise en compte du projet personnel de l’élève et une politique de stages plus intensive sont étudiées. Les écoles nationales devraient, par ailleurs, se voir confier des missions précises de recherche.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°5 du 1 juillet 1994, avec le titre suivant : Les écoles des beaux-arts doivent s’ouvrir sur la ville

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