Les Brèves : Un nouveau Centre Soros ouvre ses portes.....

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 1181 mots

Un nouveau Centre Soros ouvre ses portes. Le Centre culturel Soros de Sofia, le seizième centre subventionné par le financier George Soros, a ouvert ses portes le 14 juin dernier. À son actif, un budget annuel de 550 000 dollars (environ 3,2 millions de francs), et des programmes portant sur l’art contemporain, le monde du spectacle, le patrimoine culturel et la littérature. Dirigé par Trifon Trifonov, le centre est subventionné et contrôlé par la fondation Bulgarian Open Society Fund, branche de la Fondation Soros, créée en avril 1990.
Fait unique, le centre ne fait pas partie du réseau formé par les quinze Centres Soros pour l’art contemporain, situés dans les ex-pays de l’Est. Ces centres, financés et coordonnés depuis Bucarest par Suzanne Meszoly, ont mis en place avec succès un programme de documentation sur l’art, de subventions et d’expositions d’œuvres de jeunes artistes bulgares. Le problème de l’indépendance du centre par rapport au réseau des Centres Soros pour l’art contemporain et de son contrôle par un directoire bulgare a fait l’objet d’âpres discussions au sein de la communauté artistique nationale.

Philippe Starck : on ferme !
Le Café Costes, dans le quartier des Halles à Paris, vient de fermer ses portes. Dessiné par Philippe Starck, il a été racheté par le “grand méchant look” du prêt-à-porter, Naf Naf. C’est le troisième bâtiment aménagé par le designer phare des années 80 qui doit fermer à cause d’un revers commercial.
La boutique Hugo Boss dessinée par Starck place des Victoires n’a pas tenu longtemps ; quant à la boutique Creeks, rue Saint-Denis, elle est devenue… un Peep Show.
Ainsi va la vie d’une ville, au gré du commerce et de l’urbanisme. Sans doute, chaque fois, les exploitants et l’environnement urbain ont leur part de responsabilité dans ce changement d’activité. Ainsi, le Café Costes a dû subir la désormais sinistre place des Innocents, revue brutalement dans le cadre du programme des Halles, et qui scelle la réussite des fast food au détriment du chic et cher. Le Café Costes ne faisait pas le plein, alors que le Café Beaubourg voisin – dessiné par Christian de Portzamparc, et dirigé par un autre frère Costes, Gilbert, qui vient d’ouvrir le Café Marly – ne désemplit pas. Cette “loi des séries” montrerait-elle cependant une désaffection du public pour un certain design des années 80 ? La question est d’autant plus pertinente, au moment où le boulimique designer a lancé dans le catalogue des 3 Suisses un coffret, coûtant 4 900 francs, devant permettre à tout un chacun de bâtir sa maison “Starck”.

L’École supérieure de design industriel rachetée par des Japonais
L’ESDI (École supérieure de design industriel), présidée par M. Jan-Lin Viaud, vient d’être rachetée par une école nouvellement implantée à Paris, Créapôle. Cet établissement d’enseignement technique privé, une société anonyme dont le capital provient essentiellement d’investisseurs japonais, comprendra, à compter de la rentrée scolaire 1995-1996, cinq départements : mode, communication visuelle, design transport, design industriel et architecture intérieure. Le cursus, qui se déroulera au 128, rue de Rivoli à Paris, comprendra une année préparatoire, et de 3 à 5 ans d’études selon les cycles.
Créapôle, tél : 44 82 77 00.

Les biens culturels prêtés à la France seront insaisissables
L’exposition “Matisse, 1904-1917” au Centre Pompidou (février-juin 1993) avait été menacée par la demande de saisie formulée par Irina Chtchoukine sur les tableaux provenant de la collection de son père (dossier JdA n°6, septembre). La France veut éviter ce genre de désagrément et rassurer les prêteurs. La loi du 8 août 1994, portant “diverses dispositions d’ordre économique et financier” stipule que “les biens culturels prêtés par une puissance étrangère pour l’organisation d’expositions pourront désormais être insaisissables pendant la durée de leur prêt à l’État français”. Un arrêté conjoint du ministre des Affaires étrangères et du ministre de la Culture fixera la liste des œuvres concernées pour chaque exposition.
Par ailleurs, le texte modifie la loi du 31 décembre 1992 sur la circulation des biens culturels, créant “le certificat de libre circulation”. Cette dernière loi n’avait pas prévu le cas de sortie temporaire des œuvres d’art pour des expositions. L’oubli est réparé.

Institut national d’histoire de l’art : Philippe Sénéchal, Alain Seban, adjoints de Michel Laclotte
Philippe Sénéchal, maître de conférences en histoire de l’art à Paris IV, et Alain Seban, maître de requêtes au Conseil d’État, viennent d’être nommés adjoints de Michel Laclotte, président de l’Institut national d’histoire de l’art. L’Institut s’installera dans les locaux de l’actuelle Bibliothèque nationale, rue Richelieu, en 1999. Michel Laclotte, qui prend sa retraite comme président du Louvre à la fin de ce mois, s’est vu confier une mission par le premier ministre Édouard Balladur, fin mai, pour engager des études théoriques et “préciser les orientations définitives” de l’Institut. Il doit rendre son rapport avant la fin de l’année. Le mois dernier, la nouvelle équipe de ce que le ministère de la Culture qualifie du “plus prestigieux institut de son genre au monde”, ne s’était toujours pas fait attribuer de bureau, de secrétaire, ou de matériel informatique. Philippe Sénéchal, mis à disposition par Paris IV, doit s’occuper de la définition du projet scientifique et des rapports avec différentes bibliothèques, le CNRS et les universités. Alain Seban sera responsable de la définition juridique, fort complexe, de l’Institut.

Bruxelles : curieuse saisie au Musée d’art ancien
Les victimes de la nationalisation des biens belges au Zaïre, en 1973 ont décidé d’un coup de force pour obliger l’État belge à s’acquitter de la dette de 510 millions de francs belges que celui-ci s’est vu imposer de leur verser par voie de tribunal en mai dernier. Jugeant les procédures traditionnelles trop lentes, les avocats des plaignants ont demandé la saisie d’œuvres exceptionnelles – dont une seule suffirait à couvrir la somme requise – appartenant à l’État : Van der Weyden, Memling, Colin de Coter, Bosch et Rubens. Dans le sillage de l’événement Memling, l’arrivée au Musée d’art ancien de Bruxelles, le 14 septembre, d’un huissier de justice chargé de procéder à l’inventaire avant vente publique a eu l’effet d’un électrochoc qui a mobilisé les énergies ministérielles. L’État belge devrait pouvoir trouver les arguments juridiques pour s’opposer à la vente de ces œuvres, considérées comme inaliénables. La vente est programmée pour le 19 octobre.

Des Magritte donnés par Irène Scutenaire-Hamoir
La veuve de Louis Scutenaire, une des figures majeures du Surréalisme belge, décédée en mai dernier, a légué aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique une collection d’œuvres de Magritte forte de 23 peintures, 21 gouaches, 31 dessins, 1 sculpture, 1 bouteille peinte et 3 tissus d’après des projets de l’artiste. Le Musée de Bruxelles devient ainsi le lieu de passage obligé pour tous les amateurs du Surréalisme belge. La salle Magritte, bâtie à partir d’œuvres maîtresses achetées par Philippe Roberts-Jones, alors conservateur en chef, et celles acquises après le décès de Georgette Magritte, deviendra ainsi le plus grand ensemble mondial en collection publique. Le don d’Irène Hamoir imposera en 1995 une refonte de l’accrochage, qui débouchera en 1996 sur une exposition en hommage aux époux Scutenaire. Tous deux étaient, il ne faut pas l’oublier, des artistes aux activités importantes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Les Brèves : Un nouveau Centre Soros ouvre ses portes.....

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