Art et communication

L’épopée Citroën retrouve le musée

Le Journal des Arts

Le 22 septembre 2000 - 363 mots

André Citroën, industriel avisé et homme de communication, eut vite fait de comprendre que l’innovation technologique ne saurait se passer de la création publicitaire pour informer et séduire les automobilistes.

Les artistes ont bien souvent porté le flambeau de la marque. Dès 1918 c’est l’agence Wallace et Draeger, association de l’imprimeur célèbre et d’un publicitaire américain qui se voit confier la communication Citroën. Celle-ci est reprise en interne en 1920 par l’illustrateur Pierre Louÿs. Affiches, annonces, bulletins d’information, expositions se succèdent sans relâche jusqu’en 1935 où la disparition d’André Citroën met fin à cette frénésie créative. Dans les années soixante, une nouvelle impulsion est donnée par l’agence Robert Delpire qui développe une communication fondée sur l’avant-garde photographique et graphique. À partir de 1980, c’est l’agence RSCG de Jacques Séguéla qui perpétue cet héritage. Ainsi, au fil des décennies, des illustrateurs comme Raymond Savignac, Mich, André François, Alain Le Foll, des photographes tels que Henri Cartier-Bresson, Robert Doisneau, Pierre Jahan, André Martin, Helmut Newton, Sarah Moon, Beni Truttman ou les réalisateurs Jean-Paul Goude, William Klein, Raymond Depardon, Philippe Labro (pour ne citer qu’eux) ont prêté leur talent au constructeur. Cerise sur le gâteau en 1998, lorsque la Xsara prend le patronyme de Picasso (vous savez, “le monsieur qui s’appelle comme la voiture” !) Avec une production aussi riche, Citroën s’est vu ouvrir à plusieurs reprises les portes du Musée des arts décoratifs de Paris. En 1926, il expose six mille photographies et des centaines d’aquarelles du peintre Alexandre Iacovleff relatant l’expédition africaine de l’Algérie au Cap. En 1965, l’expérience est renouvelée avec la première exposition de publicité contemporaine consacrée aux campagnes de l’agence Delpire. Aujourd’hui, le Musée de la publicité retrace cette remarquable saga au travers de documents photographiques, affiches, films d’archives et films publicitaires présentés de manière thématique. Par ailleurs, un livre Citroën 80 ans de pub et toujours 20 ans de Jacques Séguéla (éditions Hoëbeke) raconte également cette épopée mémorable.

- Musée de la publicité - Union centrale des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli - Paris 1er. Jusqu’au 28 janvier 2001. Du mardi au vendredi de 11h à 18h, samedi et dimanche de 10h à 18h, nocturne le mercredi jusqu’à 21h.

Le faux-semblant d’Ungaro

Emanuel Ungaro a toujours aimé adopter un ton provocateur dans ses campagnes de publicité. Il récidive pour sa collection automne-hiver 2000 et tombe dans le registre de la fausse sculpture faussement artistique. Sous l’œil du photographe Mario Sorenti la jeune mannequin Kirsten Owen se livre à un corps à corps amoureux avec un homme statufié. Cette rencontre gestuelle d’une sensualité à sens unique, de faux érotisme, aurait pu être de l’art, cela n’y ressemble que de très loin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°111 du 22 septembre 2000, avec le titre suivant : L’épopée Citroën retrouve le musée

Tous les articles dans Actualités

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque