Le Triage sur des rails

A Nanterre, un centre d’art lancé par une initiative privée

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 30 mai 2003 - 778 mots

A quelques centaines de mètres de l’université de Nanterre, installé dans une ancienne friche industrielle de la SNCF, Le Triage est un centre d’art né d’une initiative privée. Avec des locaux de 1 800 m2 mis à sa disposition, ce nouveau lieu consacré à la jeune création est encore en développement, mais ouvre sur les chapeaux de roues avec une exposition sur le thème du dessin.

NANTERRE - Pourquoi le nom de Triage ? “Cela répond à l’ancienne fonction du lieu où nous sommes installés, une gare de triage de la SNCF. Mais pour nous, cela signifie aussi passer au crible, trier, affirmer des choix et des points de vue symboliques”, explique Cécile Marie. Cette universitaire, professeur en école d’art, est depuis octobre 2002 directrice artistique du Triage. À quelques centaines de mètres de l’université de Nanterre-Paris-X, de ses 30 000 étudiants et de sa gare RER, le centre d’art Le Triage, qui a ouvert ses portes le 23 mai, est une aventure singulière dans le paysage hexagonal. Ni fondation, ni collection d’entreprise, il est pourtant le fruit d’une initiative privée impulsée par François Rosenberg, directeur de Gexim, la société qui gère le terrain sur lequel est implantée la nouvelle structure. Sa destinée a été confiée à une association présidée par Claude Comeau, artiste plasticienne habituée du site puisqu’elle y possède un atelier. François Rosenberg a commencé en 1995 l’aménagement de cette parcelle louée à la SNCF et qui accueille désormais une vingtaine de sociétés – un dépôt-vente d’automobiles, une piste de karting, des ateliers de restauration et différents entrepôts.

Susciter l’intérêt des pouvoirs publics
Lorsqu’il y a peu François Rosenberg obtient des locaux autrefois occupés par un centre de formation de la compagnie ferroviaire, l’idée germe d’implanter une activité culturelle sur le site. “Cela m’est venu à l’esprit, en fait, quand j’ai visité le Palais de Tokyo. Pourquoi ne pas penser une chose comparable dans cette friche ?, s’amuse l’entrepreneur amateur d’art. Mais ce qui m’intéresse aussi dans cette action est la valorisation d’un site peu commun, installé à côté d’un quartier difficile.” François Rosenberg voit donc également dans cette initiative peu commune l’opportunité de développer le terrain de 40 000 m2 dont il a la charge et de lui donner le “cachet” nécessaire à l’attrait de nouveaux locataires. Décider d’établir un centre d’art dans un tel paysage ne semble en effet pas un calcul absurde. Il suffit pour s’en persuader d’observer le rôle de “défricheurs immobiliers” joué involontairement ces dernières années par les artistes, galeries et institutions. D’autant que Le Triage, qui accueille un restaurant, est pensé comme un lieu de rencontre pour les personnels des entreprises voisines. Autre point d’attraction, une librairie dont la concession a été confiée à Bookstorming (lire le JdA n° 171, 16 mai 2003).
Aujourd’hui, c’est donc d’un bâtiment rénové de 1 800 m2, dont 1 000 m2 réservés aux expositions, que profite le centre d’art. Quant au budget de fonctionnement, actuellement financé par François Rosenberg et quatre de ses amis collectionneurs, il devra dans le futur être complété par d’autres sources de revenus. “Nous sommes conscients que nous devrons assumer cela  pendant une année ou deux, mais nous entendons bien que cette initiative suscite l’intérêt des pouvoirs publics : Ville, Région et État”, précise l’intéressé. Un comité de parrainage a d’ailleurs été créé dans cette optique. Avec une première manifestation intitulée “Lignes singulières”, qui interroge la pratique du dessin et ses prolongements possibles à travers les travaux d’une douzaine d’artistes, dont Jérôme Boutterin, Béatrice Cussol, Pascal Lièvre, Kristina Solomoukha ou Olivier Nottellet, l’aventure commence donc sur les chapeaux de roues. Grâce à l’architecture du bâtiment, chaque artiste dispose d’un espace de présentation monographique, articulé à un ensemble plus vaste. “Partir du dessin était aussi la possibilité de commencer notre activité avec un sujet accessible aux nombreux publics auxquels nous souhaitons nous adresser, explique Cécile Marie. La question du dessin se rattache aux liens que nous voulons créer ici.” Car s’il axe ses activités autour d’une programmation de quatre à cinq expositions par an, accompagnées à chaque fois d’une publication, Le Triage conjugue également des pôles multimédia, éducatif et un auditorium. “Tout cela a été très rapide”, note Claude Comeau, qui a initié le projet l’an passé. “Des contacts ont été pris avec l’université voisine et des échanges sont bien sûr possibles avec les autres institutions de la région parisienne. Notre développement est encore en cours.”

Le Triage, site de création et de diffusion des arts visuels, 1 rue Noël-Pons, 92000 Nanterre, tél. 01 56 05 05 03, tlj sauf lundi, 11h-19h, www.letriage.com, accès RER A station Nanterre-Université (sortie rue de la Folie, Université), exposition inaugurale “Lignes singulières”?, jusqu’au 27 juillet.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°172 du 30 mai 2003, avec le titre suivant : Le Triage sur des rails

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