Le tour du monde en une journée...

Des arts extra-européens à Saint-Germain

Le Journal des Arts

Le 13 septembre 2002 - 975 mots

Du 18 au 22 septembre, Kaos-Parcours
des mondes proposera à Paris, à travers une vingtaine de galeries de Saint-Germain-des-Prés, une promenade parmi les arts premiers d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique. Quelques grands marchands internationaux viendront rejoindre les galeristes résidants pour transformer la rive gauche en vitrine des arts du monde.

C’est sur l’initiative de Rik Gadella, le fondateur des salons Paris Photo et XXe Siècle, qu’est né le projet du “Parcours des mondes”. “Paris et Bruxelles sont aujourd’hui les deux plaques tournantes internationales en ce qui concerne les arts asiatiques et africains, constate-t-il. Plusieurs manifestations importantes existent déjà en Belgique, et il me semble qu’il y a une place à Paris pour un événement autour des arts primitifs plus léger qu’un Salon. De plus, en septembre paraîtra le premier numéro de Kaos – Arts et Cultures du monde, revue consacrée aux arts d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. Il était important de créer un événement avec les marchands à l’occasion de cette nouvelle parution”. La revue Kaos, dont la publication sera bi-annuelle, est éditée par Picaron Éditions. Sa vocation est à la fois généraliste et scientifique : destinée à informer le grand public comme les marchands, elle sera composée d’articles portant sur l’actualité du marché de l’art, des musées, de la recherche ethnologique et de la valeur culturelle des œuvres. Ce nouvel organe spécialisé entend réaffirmer l’importance de Paris sur le marché des arts primitifs.

Pendant quatre jours, Saint-Germain-des-Prés sera le lieu idéal pour découvrir les pièces inédites que proposent les plus grands marchands internationaux. Ce quartier était déjà traditionnellement la place privilégiée des arts premiers de la capitale. À partir du 18 septembre, il en sera le centre mondial. Les galeristes parisiens s’enthousiasment : “Nous sommes ravis que le projet prenne corps, déclare Johann Levy. Cela fait longtemps que nous voulions créer un événement autour des arts primitifs dans le quartier. Nous voulons renouveler la démarche de l’amateur, qui doit apprendre à revenir dans les galeries. Aujourd’hui, il est habituel de visiter des salons. Il me semble que le principe du salon flatte les visiteurs, et leur donne le sentiment qu’ils ont en deux heures une vision globale d’un domaine, car les plus belles pièces sont rassemblées dans un même lieu. Or, il n’y a pas de grande collection sans grand marchand, et c’est sans aucun doute dans les galeries que se font les meilleures acquisitions.” Un avis que partage son confrère Renaud Vanuxem : “Nos domaines demandent de l’initiation, et c’est principalement grâce à la régularité des rapports avec les marchands que les collectionneurs peuvent se spécialiser.” Les deux galeristes font partie du comité – également composé d’Antoine Barrère et d’Anthony Meyer – chargé par Rik Gadella de sélectionner les participants du Parcours. Les marchands de Saint-Germain exposeront dans leurs murs, tandis que plusieurs étrangers seront accueillis dans des galeries d’art contemporain. Deux grands marchands américains seront présents : la Patrick Morgan Gallery et la Pace Primitive Gallery, cette dernière participant pour la première fois à un événement français. Accueillie par la galerie Nicolas Deman, elle exposera une sélection de sculptures, masques, tissus et ornements africains, océaniens et himalayens. Parmi les autres grands noms étrangers figurent Patrick Fröhlich, marchand de Zurich, spécialiste des objets africains provenant d’anciennes collections, et Davide Manfredi, dont la galerie milanaise spécialisée en arts du Sud-Est asiatique sera accueillie par Bernard Dulon, rue Guénégaud. Cette même rue réunit des marchands belges comme Jo Christiaens, Alex Arthur et Wayne Heathcote. La renommé internationale de la Wayne Heathcote Gallery est presque sans égale dans le domaine des arts océaniens. Hébergée pour l’occasion par la galerie États d’arts, elle présentera une très belle sélection d’objets inédits de Mélanésie, de Polynésie et de Micronésie. Elle sera parallèlement présente au Salon d’art tribal de l’hôtel Dassault (lire p. 16). Certains marchands français devront déménager pour l’occasion. Ainsi l’African Muse Gallery traversera la Seine pour s’installer à la galerie Arnoux. Luc Berhier, marchand d’art africain et de peinture contemporaine, disséminera une douzaine de pièces africaines parmi quelques toiles abstraites de la galerie Arnoux. Les deux marchands caressent le projet d’une présentation commune plus élaborée pour une prochaine édition du parcours. Parmi ces pièces se trouvent notamment un masque et deux statues Baoulé, un petit bronze Ashanti représentant un félin, ou encore un masque Bambara dit “du cheval” qui figurait en 1994 à l’exposition d’Amiens “Arts et peuples du Mali”.

Les présentations des galeries de Saint-Germain-des-Prés sont également très attendues, les plus prestigieuses d’entre elles participant à l’événement. Anthony Meyer, l’un des grands spécialistes mondiaux d’art océanien, proposera un ensemble d’œuvres représentant les grandes régions ethniques de l’Océanie. La sélection de Renaud Vanuxem sera véritablement ouverte aux arts extra-européens puisqu’elle comprendra des pièces d’Afrique de l’Ouest, d’Océanie, de Nouvelle-Guinée et du Vietnam. La galerie Johann Levy Art primitif exposera une vingtaine d’objets, parmi lesquels un ensemble de pierres Kissi antérieures au XVIIe siècle, un fétiche Bakongo et un masque Mende de la société d’initiation Bundu. Bernard Dulon présentera dans son nouvel espace, rue Callot, vingt-six pièces africaines de la collection du sculpteur Arman. Enfin, la galerie Jacques Barrère exposera un ensemble de sculptures chinoises et du Sud-Est asiatique, en complément à la présentation proposée dans le même temps à la Biennale des arts asiatiques (lire page 26).

L’idée d’un parcours autour des arts primitifs n’est pas complètement nouvelle ; elle existe déjà à Bruxelles depuis une dizaine d’années sous le nom de “Bruneaf”. Toutefois, il ne fait pas de doute pour les marchands que le Parcours des mondes devrait rapidement trouver une place sur le marché parisien, et devenir aussi important que son homologue belge qui comptait cette année une soixantaine d’exposants.

- PARCOURS DES MONDES, 19-22 septembre, dans 20 galeries de Saint-Germain-des-Prés, de 11h à 19h. Point d’information : Grand Masse des Beaux-Arts, 1, rue Jacques-Callot, 75006 Paris. Rens. : 01 42 77 58 94.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°154 du 13 septembre 2002, avec le titre suivant : Le tour du monde en une journée...

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