Le SM’s néerlandais de Matali Crasset

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 16 décembre 2005 - 675 mots

La designeuse a été élue « Créateur de l’année » par le Salon du meuble de Paris. Elle vient de concevoir l’aménagement d’un musée aux Pays-Bas, avant d’intervenir au Magasin, le centre d’art de Grenoble.

Maintes fois, elle s’est frottée à l’espace du musée. Soit pour des commandes spécifiques, notamment avec son amusant Bar marocain conçu pour l’exposition « L’objet désorienté au Maroc » (Musée des arts décoratifs, Paris, 1999) ou sa scénographie « En quête d’objets », pour l’Atelier des enfants du Centre Pompidou (2000). Soit pour des expositions personnelles, telle « Un pas de côté, 1991-2002 », sa première rétrospective, présentée  en 2002 au Musée de design et d’arts appliqués contemporains, à Lausanne, et reprise en 2003 par le Victoria & Albert Museum à Londres, puis par le musée du Grand-Hornu, en Belgique (lire le JdA no 174, 27 juin 2003). Mais jamais elle n’avait réalisé, à proprement parler, l’aménagement intérieur d’un musée. C’est chose faite. À 40 ans pile poil, Matali Crasset a livré en juillet le « SM’s » ou « Stedelijk Museum s’-Hertogenbosch », autrement dit le nouveau Musée d’art contemporain et d’art décoratif de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas.
Après plusieurs années de tergiversations quant au lieu d’accueil de ce musée municipal, la décision a finalement été prise de l’installer à proximité de la gare, dans un ancien bâtiment industriel qui servit jadis à la fabrication et au stockage de produits parapharmaceutiques. Ce long édifice, murs en briques et toiture crantée de sheds, conjugue en effet de nombreux atouts, en particulier une belle hauteur sous plafond et moult verrières qui dispensent une lumière naturelle abondante. Surface totale : 3 000 mètres carrés.

Bleu turquoise pour les connaissances
La nature reste un modèle incontournable pour Matali Crasset. Pas étonnant donc si cet aménagement intérieur est, une fois de plus, à son image. « J’ai voulu que l’espace se développe comme une plante, avec ses ramifications, explique Matali Crasset. Nous avons donc travaillé sans toucher à la structure existante, et installé une circulation centrale qui dessert le bâtiment de part en part et sur laquelle viennent se connecter divers lieux spécifiques », un peu comme des feuilles à une branche. D’ailleurs, les ramifications croissent tellement vite, semble-t-il, aux Pays-Bas, qu’elles ont poussé jusqu’à l’extérieur de l’édifice, sous forme d’un marquage au sol.
Les « divers lieux spécifiques » dont parle Matali Crasset sont ceux imposés par le programme : un « centre de connaissances », une boutique, des bureaux, l’accueil, un vestiaire, un atelier… La designeuse a, en outre, créé un auditorium dont les panneaux acoustiques figurent, sans doute, quelques frondaisons. Chaque espace possède son propre code couleur. Ainsi en est-il du centre de connaissances, tout de bleu turquoise habillé, et de l’axe central, qui arbore un linoléum d’un jaune soutenu. À chacune des extrémités de ce bâtiment oblong, deux vastes salles viennent prendre en tenaille cette grappe d’espaces petits et variés, comme pour les faire rentrer dans le rang. D’un côté, le restaurant, baptisé « Punt.NL » – comme le fameux « point.fr » des adresses Internet françaises. De l’autre, évidemment, les espaces d’exposition, dédiés aussi bien à l’art contemporain qu’aux arts décoratifs. La collection du musée, stockée à Eindhoven, s’articule, elle, autour de deux thèmes : la céramique et les bijoux.
Enfin, mission globale oblige, Matali Crasset a aussi imaginé l’identité visuelle du lieu, des panneaux signalétiques extérieurs jusqu’au papier à lettres, sans oublier le site Internet du musée, dont l’arborescence, on s’en serait douté, se déploie sur le même principe spatial que celui du musée.
En France, ce n’est pas un musée sur lequel planche actuellement Matali Crasset, mais un centre d’art contemporain : le « Magasin », à Grenoble, lui aussi logé dans un ancien bâtiment industriel, la halle Eiffel. La designeuse doit y aménager les nouveaux espaces d’accueil du lieu. Réouverture prévue le 21 janvier 2006.

SM’s-Stedelijk Museum s’-Hertogenbosch, Magistratenlaan 100, ’s-Hertogenbosch, Pays-Bas, tél. 31 73 6273680, www.sm-s.nl. Prochaine exposition : « Spheria », sculptures récentes de l’artiste belge Johan Tahon (1965), du 17 décembre 2005 au 12 mars 2006.

Matali au Salon

La designeuse Matali Crasset a été élue « Créateur de l’année » par le Salon du meuble de Paris, qui se tiendra du 5 au 9 janvier 2006 et lui rendra un hommage à travers une exposition de ses créations. Bien que professionnel, ce salon sera ouvert au public le samedi 7 janvier, de 11 heures à 19 heures. Parc des expositions de la porte de Versailles, 75015 Paris. Rens. 01 40 76 45 00.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°227 du 16 décembre 2005, avec le titre suivant : Le SM’s néerlandais de Matali Crasset

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