Le mécénat culturel en faible hausse

L’Admical vient de rendre son bilan 2000 des aides privées pour la culture

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 23 novembre 2001 - 820 mots

Jacques Rigaud, président de l’Association pour le développement du mécénat industriel et commercial (Admical), vient de rendre public le bilan 2000 du mécénat d’entreprise en France. Avec une hausse modeste
de 50 millions de francs, le mécénat culturel atteint 1,3 milliard de francs.

PARIS - Même si, comme le souligne Jacques Rigaud, “le mécénat reste peu connu de certaines entreprises”, déplorant que “l’offre croît moins vite que la demande”, l’année 2000 se caractérise, selon le bilan de l’Admical, par la croissance du mécénat d’entreprise tant dans le domaine de la culture et de la solidarité que de l’environnement. Les dix entreprises mécènes les plus actives, toutes actions confondues, sont la Caisse d’Épargne, la Fondation EDF, la Caisse des dépôts et consignations (CDC), Cartier international, la Fondation d’entreprise Vivendi Universal, LVMH, la Fondation d’entreprise internationale Carrefour, SACD, la Fondation d’entreprise France Télécom et Casino. À elles seules, elles ont engagé plus de 13 millions de francs en 2000. Pour la seule culture, 1 200 entreprises – contre 1 100 en 1998 et 1 000 en 1996 – ont soutenu près de 2 800 actions, pour un total de 198 millions d’euros (1,298 milliard de francs).

Toujours dans le secteur spécifique de la culture, la musique reste en tête, juste devant les arts plastiques, qui, avec 21 % des actions de mécénat culturel, ont retrouvé son niveau de 1996. Cette forte augmentation, peut-être conjoncturelle, a notamment été portée par le soutien, à hauteur de 20 millions de francs, des manifestations portant le label de la Mission 2000. La seule exposition “La Beauté”, à Avignon, a bénéficié d’une contribution de 6,3 millions de francs avec l’appui de la Fondation EDF, du groupe GTM, de Ducros, de la Cogema, de la Fondation Banques CIC pour le livre, de Renault et de la SNCF, sans compter les partenaires technologiques (Philips, Lafarge branche plâtre, Tollens et Rhodia). La 5e Biennale d’art contemporain de Lyon a quant à elle été soutenue par la Fondation EDF, Artprice.com, Algoe, Générale location, Lufthansa, Renault, Senelar Larson Juhl, Sodexho France... Les grands mécènes des arts plastiques restent les fondations EDF, Cartier, la Fondation d’entreprise Coprim, la Caisse des dépôts et consignations ou Altadis. Un certain nombre d’entre elles continuent d’enrichir leur collection comme la Fondation Cartier, la CDC, la Fondation Coprim, Hewlett Packard France ou la Fondation Colas. Certaines entreprises privilégient l’aide à la création, par l’intermédiaire du financement de la production d’œuvres (CDC) ou la remise de prix (Chronopost, Grandes Sources de Wattwiller, Michelin, glaces Magnum, Gras Savoye...). D’autres sociétés préfèrent s’associer à des projets existants, comme le soutien à des expositions. C’est par exemple le cas de LVMH qui continue d’être partenaire de la Réunion des musées nationaux (RMN), pour les grands rendez-vous des Galeries nationales du Grand Palais. À l’Institut du monde arabe, Ernst & Young a apporté son soutien pour “Le Maroc de Matisse”. De son côté, Carrefour a organisé des expositions de reproductions d’œuvres dans ses galeries marchandes en association avec la RMN. D’autres entreprises ont préféré ouvrir leur propre espace, comme la Fondation EDF, Cartier, Bénédictine à Fécamp, Espace Écureuil à Toulouse, Bouvet-Ladubay à Saumur... Des actions prennent également une dimension internationale, comme celles d’Altadis, ou de la Fondation EDF et de London Electricity, filiale d’EDF, partenaires de la Tate Gallery de Londres.

De son côté, le patrimoine reste au quatrième rang du mécénat culturel même s’il n’en représente plus que 7 %. Dans ce secteur, les interventions sont extrêmement diverses, aussi bien par les moyens mis en place (mécénat technologique, apport en nature) ou par le type d’action (restauration, conservation, valorisation, animation, édition, recherche...). Ainsi, la Fondation BNP Paribas, née de la fusion des deux banques, s’attache à la restauration de tableaux de nombreux musées de province. La Fondation d’entreprise Gaz de France a quant à elle signé une convention avec la Direction du Patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication, pour restaurer ou créer quinze vitraux dans quatorze régions. Malgré les nombreux festivals soutenus par des sociétés privées (Printemps de Cahors, Visa pour l’image de Perpignan, le Mois de la Photo à Paris...) et l’engagement de sociétés comme la CDC, la Fondation CCF, les fondations d’entreprise NSM Vie et Hewlett Packard France, Pictorial Services et Kodak, la photographie est passée du 3e au 6e rang des actions de mécénat culturel. Même si elle ne concerne plus que 6 % de celles-ci, elle séduit pourtant de plus en plus de mécènes. Enfin, l’architecture et le design restent les secteurs les moins aidés avec à peine 2,5 % des actions de mécénat culturel.

Ce dernier attire toujours en premier lieu les banques et établissements de crédit (21 %), les entreprises du secteur de la communication et de la presse (16 %), des nouvelles technologies (9 %), des services (7 %) et de l’agro-alimentaire (6, 5%). De plus, l’Île-de-France reste la région la plus favorisée avec 33 % des opérations de mécénat culturel.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°137 du 23 novembre 2001, avec le titre suivant : Le mécénat culturel en faible hausse

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