Le marché fait étape sur le Rocher

La Biennale ouvrira les festivités monégasques

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 935 mots

Mis à part le Bal de la Croix Rouge, manifestation-phare de l’été monégasque, la Principauté vivra à l’heure du marché de l’art, avec trois manifestations importantes : la Biennale des antiquaires de Monaco, qui réunira une trentaine de grands marchands internationaux, le Salon international des antiquaires, et les ventes de bijoux, d’orfèvrerie, de tableaux modernes et contemporains organisées par l’étude Tajan.

Rendez-vous incontournable de la jet-set, Monaco accueille depuis 1975 une biennale d’antiquaires qui rassemble quelques-uns des grands marchands français, italiens, belges, britanniques et monégasques, attirés par l’exceptionnel pouvoir d’achat des résidents et visiteurs de la Principauté. “Nous cherchions des marchés nouveaux à une période de ralentissement des affaires, explique Jacques Perrin, co-organisateur de la Biennale aux côtés de Maurice Ségoura. Dès la première édition, nous nous sommes efforcés de créer un équilibre entre les spécialités représentées : bijoux, mobilier XVIIIe, tableaux anciens et tableaux modernes.”

La Biennale, qui se tient du 31 juillet au 15 août, est fréquentée par une clientèle internationale composée en majeure partie d’Italiens, de Français, de Suisses, ainsi que d’Américains qui, après avoir un peu boudé la Principauté depuis la disparition de la princesse Grace, semblent cette année revenir en force. Graff, un des plus grands joailliers de la planète, sera présent à Monaco pour la première fois cette année. Il voisinera avec l’antiquaire joaillier Sapjo, qui présentera notamment une boîte à mouches d’or de forme rectangulaire, émaillée sur fond opalin rose, exécutée en 1782 par Joseph-Étienne Blerzy. Une quinzaine de ses créations se trouvent au Louvre, d’autres sont conservées au Musée des arts décoratifs, au Musée Cognacq-Jay et au Metropolitan Museum de New York.

Le mobilier XVIIIe demeure un des points forts de la manifestation, notamment chez Jacques Perrin qui a retenu une paire de tables à écrire en placage de satiné et de bois de rose époque Louis XV, estampillées Pierre Roussel. Yves Mikaeloff a sélectionné une pendule de parquet à équation du temps, signée des frères Goyffon vers 1770, et Maurice Ségoura un bureau plat attribué à André Charles Boulle, présentant une marqueterie en cuivre et ébène ainsi qu’une somptueuse ornementation de bronze ciselé et doré.

Antonio Canal et Peter Bruegel le Jeune
Adriano Ribolzi s’est intéressé à une paire de commodes Louis XV estampillées Popsel, qu’il présentera aux côtés de tableaux anciens, comme la Madeleine de Pompeo Girolamo Batoni ou une Vue de Venise par Antonio Canal. Tableaux anciens aussi sur le stand de la Galerie d’art Saint-Honoré, avec une toile de Pieter Bruegel le Jeune d’après une gravure des frères Wiericz illustrant un proverbe, L’homme qui tient le sac d’or possède toujours des courtisans, et un tableau de Josse de Momper le Jeune, La halte sur le chemin de Santiago.

Quelques jours plus tard débutera le Salon international des antiquaires. Monte-Carlo Antiquités se déroulera du 20 au 29 août et accueillera une vingtaine d’antiquaires américains et européens. Joaillerie et bijoux seront proposés sur les stands des galeries Stardust (San Remo), la Pyramide (Milan), des tapis et tapisseries sur ceux de la maison Sadraee (Bruxelles) et de la galerie Stefano Filippi (Gênes), des tableaux flamands chez Dominique Hurtebize (Rouen) et XVIIIe chez Alain Parizot (La Chapelle Rablais).

Début août se tiennent aussi, avant le Bal de la Croix Rouge, les grandes ventes publiques monégasques de l’étude Tajan. Chantal Beauvois ouvrira les enchères en présentant des bijoux et pièces d’orfèvrerie, les 4 et 5 août, aux côtés de Jacques Tajan. Particulièrement remarquables, un collier de 29 perles de culture (700 000 francs), un collier rivière de diamants orné d’un saphir jaune de 14,27 carats et d’un saphir bleu de 15,30 carats en pendentif (600-650 000 francs), ou encore un ensemble de bijoux Mellerio du XIXe siècle comprenant un collier-broche, une paire de boucles d’oreilles, une bague et un bracelet (50-150 000 francs). Parmi les pièces d’orfèvrerie, on notera une grande coupe en argent en forme de galion provenant des ateliers de Hanau, fin XIXe-début XXe siècle (70-80 000 francs). La vacation de tableaux et sculptures modernes et contemporains, qui aura lieu le 5 août, proposera notamment des huiles de Vlaminck (Village de la Beauce, 250-280 000 francs), Loiseau (Bords de l’Eure, 200-250 000 francs), Kisling (Voiliers au port, 150-200 000 francs), mais aussi des sculptures de César (Plaque à ailettes, 1-1,2 million de francs), Chana Orloff (Deux silhouettes dans une rue de village, 400-450 000 francs) et Arman (L’ennemi intérieur, 400-500 000 francs).

A voir

- Biennale des antiquaires de Monaco, place du Casino, 31 juillet-15 août - Monte-Carlo Antiquités, Espace Fontvielle, 20-29 août - Ventes de l’étude Tajan : 4 et 5 août, bijoux et orfèvrerie ; tableaux et sculptures modernes et contemporains, 5 août. Peintres post-impressionnistes Les experts Chantal Beauvois et Franck Baille présenteront, du 20 juillet au 7 août, dans leur nouvelle galerie monégasque Art Conseil, un ensemble de vingt toiles post-impressionnistes (1890-1930) comprenant notamment des œuvres de Charles Camoin, Henri Martin et Louis Valtat provenant de collections privées. - Galerie Art conseil, Villa Gardenia, 3 av. Saint-Michel, 98000 Monaco, tél. 377 97 70 83 36. Les surréalistes, Folon et Adami La galerie Le Point réunit des œuvres de Dalí, Tanguy, Ernst, Magritte, Delvaux, Miró, Picabia, avant d’exposer à partir du 12 août une sélection d’œuvres de Folon et d’Adami. - Galerie Le Point, 1 av. de Grande-Bretagne, 98000 Monaco, tél. 377 93 50 68 17. Voleur d’instants Du 25 juillet au 10 août, la galerie Pastor-Gismondi présente des photographies rehaussées à l’huile de Jean-Daniel Lorieux : portraits d’artistes, de vedettes, d’hommes politiques et photographies de mode. - Galerie Pastor-Gismondi, Le Columbia, 11 av. Princesse Grace, 98000 Monaco, tél. 377 93 25 27 14.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Le marché fait étape sur le Rocher

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