Musée

Le Louvre de Lens : premier couac

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 4 mars 2005 - 460 mots

La Région Nord-Pas-de-Calais n’a pas respecté les obligations de mise en concurrence dans un avis d’appel public concernant la programmation du musée.

LENS - Fin novembre 2004, Jean-Pierre Raffarin mettait fin à un suspense de plusieurs mois en annonçant que l’antenne délocalisée du Musée du Louvre ouvrirait à Lens, au cœur de l’ancien bassin minier du Pas-de-Calais. À peine lancé, le chantier, qui devrait s’achever en 2008 pour une ouverture de l’antenne au printemps 2009, se heurte à un vice de procédure. Comme l’a annoncé le quotidien La Voix du Nord (25 février 2005), le tribunal administratif (TA) de Lille vient d’annuler la procédure de passation du marché de services relatif à la programmation. L’entreprise qui aurait été sélectionnée devait réaliser une étude sur les besoins du futur musée, répondant aussi bien à des questions techniques (accessibilité, surface, sanitaires) que muséographiques (répartition des collections, présentation au public) ou d’ordre général (l’intégration dans le milieu urbain). Il s’agissait presque d’un cahier des charges, mettant en cohérence les souhaits du Louvre, de la ville et de la Région, sur lequel devaient s’appuyer les architectes. La Région Nord-Pas-de-Calais, maître d’ouvrage, n’ayant pas respecté les obligations de mise en concurrence, Véronique Lancelin, présidente du syndicat des programmistes en architecture et en aménagement (SYPAA), a saisi la juridiction. « Il y a eu une véritable incohérence entre les modalités de publicité et le chantier en question. Il s’agit tout de même du plus grand musée du monde et d’un projet phare de la Région Nord-Pas-de-Calais. Or, l’avis d’appel à la concurrence n’a été publié que dans La Voix du Nord et sur le site Internet de la Région ! Nombreux sont les programmistes compétents qui n’ont pas été au courant », explique-t-elle. Seuls quatre candidats se sont effectivement présentés alors qu’un projet comme celui du Louvre aurait dû attirer au moins une quinzaine de dossiers. Qui plus est, pour le SYPAA, le service juridique de la Région a sous-estimé le marché en l’évaluant à 35 000 euros, alors qu’il aurait reçu des offres à plus de 100 000 euros. Mais, si le TA a annulé la procédure, c’est parce que la Région, alertée par la situation, a subitement décidé d’accepter les candidatures par fax, donc de modifier les règles en cours de route.
Face à cette décision du tribunal, la Région a choisi de ne pas relancer de consultation, pour des raisons de délais, et de réaliser la programmation elle-même avec l’équipe du Louvre. Or, les services régionaux ne semblent pas avoir les compétences des entreprises qui avaient été appelées à concourir... « Cette attitude est totalement irresponsable, déplore Véronique Lancelin. Ils vont se retrouver juge et partie. Je crains le pire pour ce beau projet. C’est surtout lui qui est perdant dans l’affaire. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Le Louvre de Lens : premier couac

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