Directeur

Laurent Busine, le défi du Grand Hornu

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 1 décembre 2002 - 370 mots

Laurent Busine marche au challenge et le dernier en date n’est pas des moindres : palier à soixante-dix ans d’absence d’un musée dédié à l’art contemporain en Wallonie. Le mal est désormais réparé, après douze ans de préparation, avec l’ouverture récente du Grand Hornu. Pour cet ancien directeur de Palais des Beaux-Arts de Charleroi, l’épreuve fut longue mais en vaut la chandelle. Bien sûr, le défi est de taille car il lui faut désormais créer une véritable synergie autour de ce nouveau musée, convaincre un public peu au fait de la création contemporaine et surtout vaincre les réticences. Mais Laurent Busine, avec beaucoup de pragmatisme, s’attelle à la tâche avec un enthousiasme et une conviction désarmants pour faire de cette nouvelle structure, non pas un temple dédié à l’art, mais un lieu de vie. Venir au musée doit pouvoir devenir un geste naturel et pour cela, il faut tout inventer, tout ré-interpréter, y compris la notion de public. Les collaborations annoncées pour l’année prochaine mêlent la référence internationale Anish Kapoor à la jeune garde nationale incarnée par le vidéaste David Claerbout, tout en affichant avec la collection la volonté de rattraper tranquillement le temps perdu. L’expérience du Grand Hornu se complète dans la revue Dits qui offre l’occasion d’échapper à la réglementaire publi-information pour proposer au lecteur une réflexion accessible sur une thématique. L’hybride occupe le premier numéro, puis se succéderont le récit et le simulacre. Pour Laurent Busine, l’important reste l’accessibilité, la compréhension, c’est pourquoi il a demandé aux auteurs d’accompagner leur texte d’un lexique. Comme la collaboration et le partage semblent décidément de règle dans sa vision sociale du musée, il a mis en place un programme de coopération sous l’égide de la Communauté européenne (Interreg), avec le Musée d’Art moderne de Villeneuve d’Asq. Les deux ans de collaboration serviront ainsi à partager les publics, les compétences et les projets entre ces lieux éloignés d’une quarantaine de minutes. Dernièrement, Laurent Busine n’a pas hésité à confronter des manuscrits médiévaux à des œuvres contemporaines dans le cadre de « Brugge 2002 » ; on l’aura compris, ce quinquagénaire énergique et décidé a fait de la pédagogie son credo et s’active avec bonheur pour sortir l’art contemporain de ses préjugés.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°542 du 1 décembre 2002, avec le titre suivant : Laurent Busine, le défi du Grand Hornu

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