A l’assaut du Mont Athos

Les féministes contestent les aides européennes

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 28 août 1998 - 389 mots

Interdit aux femmes, le monastère du Mont Athos est devenu la cible des féministes qui, s’appuyant sur le principe de libre circulation des citoyens, contestent les aides accordées au gouvernement grec par l’Union européenne pour la restauration du site.

LONDRES - L’exposition des “Trésors du Mont Athos” a été la manifestation la plus réussie du programme de “Thessalonique, capitale culturelle européenne en 1997”, et il ne fait aucun doute que l’inaccessibilité habituelle des œuvres a contribué à son succès. Le Mont Athos – qui n’est pas une île, mais une péninsule – est en effet un havre entièrement réservé à la vie monastique. Aucune femme n’a jamais eu le droit d’y pénétrer. Aujourd’hui, les féministes s’insurgent en s’appuyant sur la législation européenne, et notamment les accords de Schengen qui garantissent la libre circulation de tous les citoyens européens. L’attribution de fonds européens au gouvernement grec pour la restauration du Mont Athos est remise en cause, car les moines sont accusés de violer ces accords. L’année dernière, à Bruxelles, il a été proposé d’accorder une dérogation au Mont Athos, mais l’opération a échoué car les ministres des Affaires étrangères suédois et finlandais, deux femmes, ont opposé leur veto.

La Grande-Bretagne – non signataire des accords de Schengen – a connu un problème similaire l’an dernier lorsque la Fondation Onassis a remis un prix de 250 000 livres sterling (2,5 millions de francs) à Sir Stephen Runciman, éminent expert de l’Empire byzantin, qui a reversé la totalité de la somme aux Amis du Mont Athos pour la restauration du site. Là encore, l’affaire a soulevé des objections puisque les œuvres restaurées ne sont pas accessibles à tous. L’artiste Derek Hill, co-fondateur de l’association, a déclaré : “Le Mont Athos est la dernière entité spirituelle du monde encore vivante, et ce n’est pas le moment de la transformer en attraction pour touristes. Nous avons fondé notre association après avoir visité le monastère d’Iveron, au début des années soixante-dix. Il était alors assiégé par des personnes voulant y séjourner. J’ai écrit une lettre enflammée à un journal grec de gauche, dans laquelle j’expliquais qu’il fallait faire quelque chose pour protéger la Montagne Sainte, mais il ne s’est rien passé jusqu’à ce que le Times publie lui aussi ma lettre. Le gouvernement grec a alors limité le nombre de visiteurs à dix par jour”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°65 du 28 août 1998, avec le titre suivant : A l’assaut du Mont Athos

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