An 2000

L’art fait la roue

Par Olivier Michelon · Le Journal des Arts

Le 11 juin 1999 - 447 mots

La mission « 2000 en France » a fait le pari de la création artistique. Profitant de la traditionnelle nuit de la Saint-Sylvestre sur les Champs-Élysées, le ministère de la Culture offrira aux Parisiens une avenue livrée aux artistes.

Il n’a pas échappé au ministère de la Culture que le réveillon 1999 sera le grand moment de l’an 2000. Conscient de la liesse populaire que suscitera la date, la rue de Valois entend participer et “faire participer” à l’événement. Toute la France est concernée mais, comme l’explique Jean-Jacques Aillagon, président de la mission pour l’an 2000, l’“événement principal sera à Paris. Les caméra du monde entier seront tournées vers la capitale, il faut des images fortes”. Ainsi, les Champs-Élysées, lieu de réunion habituel de la Saint-Sylvestre, seront le théâtre d’une manifestation intitulée “Aux portes de l’an 2000”, dont la coordination a été confiée à l’architecte Patrick Bouchain, ancien conseiller de Jack Lang, et chargé en 1989 des célébrations de la bataille de Valmy. L’idée centrale de cette manifestation, commentée par Catherine Trautmann, est de “donner la parole aux artistes, en émettant le vœu que le siècle prochain soit humain”, en opposition “aux célébrations scientifiques univoques du début de ce siècle”.

La plus belle avenue du monde accueillera 24 œuvres éphémères, chiffre hautement symbolique puisqu’il s’agit de 24 grandes roues. Autant de révolutions potentielles habillées par des créateurs de domaines divers, de la place de la Concorde à l’Arc de Triomphe, composeront un “défilé vertical” fixe, une suite d’étapes. Jean-Luc Vilmouth, par exemple, proposera une Roue-monde, support de panneaux électroniques où défileront des messages, définis a priori ou recueillis en direct dans le public. Ange Leccia profitera de la surface offerte par le cercle pour créer un Éternel recommencement d’images, mêlées à des effets pyrotechniques... émotions garanties ! Moins sollicité par les commandes publiques, Malachi Farrel – plus jeune, 28 ans – n’en est pas moins un habitué du son et du mouvement, il réalisera en collaboration avec l’architecte scénographe Rudi Ricciotti, une danse de deux marteaux accompagnée d’une création musicale en direct impliquant des DJ. Peut-être plus original – ce ne sont toutefois que des esquisses –, le projet des chorégraphes Cécile Proust et Jacques Hoepffner mettra en scène un ballet de mains, façon de “partager cette nuit avec des femmes qui ont peu la parole, partager le geste”.

Renouant en quelque sorte avec la tradition des décors éphémères et autres mâts de cocagne populaires, c’est un véritable défi pour ces artistes de se confronter avec une foule immense, puisque les autorités, encore sous le choc de “l’effet coupe du monde”, attendent plus d’un million de spectateurs. Avec un peu de chance, Zidane fera une apparition !

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°85 du 11 juin 1999, avec le titre suivant : L’art fait la roue

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