L’art des Indiens du Brésil

Le Journal des Arts

Le 4 février 2005 - 648 mots

De la préhistoire à aujourd’hui, l’exposition « Brésil indien » dresse en 400 œuvres un panorama très complet de l’art des Amérindiens. Décoiffant.

Voici trois ans, la Fondation Mona Bismarck (Paris) proposait une exposition consacrée à « L’art de la plume en Amazonie ». Celle qui s’ouvrira fin mars au Grand Palais dans le cadre de l’année du Brésil élargira le champ d’étude pour proposer un vaste panorama de l’art des cultures indigènes du Brésil, de la préhistoire à nos jours. Répartis en 220 groupes, ce sont 500 000 Amérindiens qui vivent au Brésil, dont plus de la moitié dans la forêt tropicale. L’exposition « Brésil indien » met en évidence les richesses de cette diversité, en prenant en compte les découvertes les plus récentes en matière d’archéologie et d’anthropologie. Cette diversité de cultures et de langues n’empêche pas l’existence de nombreux points communs entre ces peuples amérindiens, comme la vie dans la forêt tropicale et l’utilisation au quotidien de leur environnement pour la construction de l’habitat, la fabrication des outils… Même si des variantes existent selon les sociétés, la question des ancêtres et des origines reste également centrale. Leur univers spirituel, auquel ils accèdent par des pratiques chamaniques, est très riche : rites de passage ou rituels célébrant les grands événements de la vie (la naissance, la puberté, la mort). L’exposition s’attache à montrer une âme commune à ces peuples – dont certains ont disparu au fil des siècles, notamment lors de la colonisation –, tout en mettant en perspective leurs spécificités.

L’exposition s’ouvrira sur les paysages amazoniens photographiés par Arthur Omar, avant de se diviser en deux grandes sections, archéologique et historique d’abord, ethnologique ensuite, en montrant la place de l’art et de l’esthétique dans la culture amérindienne. Parmi les œuvres les plus anciennes – certaines datant de 12 000 ans –, le visiteur découvrira des statuettes et des vases anthropomorphes, des cache-sexe Marajaora et des urnes funéraires Caviana, Macará, Marajaorá et Guarita. Des projections rendront compte des peintures rupestres et des gravures, témoignages des plus anciennes pratiques artistiques des Amérindiens sur l’ensemble du territoire (Amazonie, Mato Grosso, Piauí…). La première partie de l’exposition présentera également un ensemble d’objets relatifs aux pratiques chamaniques et guerrières, des masques mais aussi des armes et des trophées de guerre (têtes momifiées de l’ennemi).

Dans la seconde partie, il s’agira davantage de mettre en perspective, par une approche ethnologique, l’importance de l’art dans le quotidien. L’art fait partie d’un tout et d’un mode de vie. Par le biais des rituels et des cérémonies mêlant danse, musique, théâtre et peinture corporelle – des photographies et une vidéo en montrent l’exécution –, l’art est indissociable des grands événements de la vie des indigènes. Les pièces de céramique amazonienne polychrome, dont certaines ont été réalisées il y a près de 7 000 ans, témoignent d’une parfaite maîtrise de cette technique et s’annoncent comme l’un des points forts de l’exposition, au même titre que les parures en plumes, d’une beauté saisissante.
Au total, plus de quatre cents œuvres jalonneront cette exposition très documentée qui se refermera sur la figure emblématique de l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, dont une partie de la collection, aujourd’hui répartie entre la France et le Brésil, sera ici présentée au public.

La collection Camargo dévoilée à Rouen

La venue à Rouen de l’une des plus importantes collections privées du Brésil, celle de Beatriz et Mario Pimenta Camargo, est un événement exceptionnel. Près de trois cents œuvres et objets d’art, sculptures, peintures, arts graphiques, cartes géographiques, pièces de mobilier et d’orfèvrerie permettront d’évoquer tout un pan de l’histoire de l’art brésilien, entre le XVIe et le XIXe siècle, à travers les multiples influences qui l’ont nourri, l’art africain, le baroque, mais aussi l’art anglais et l’art français. - « Trois siècles d’art brésilien : la collection Camargo », Musée des beaux-arts, esplanade Marcel-Duchamp, 76000 Rouen, tél. 02 35 71 28 40, 7 avril-17 juillet.

BRÉSIL INDIEN, LES ARTS DES AMÉRINDIENS DU BRÉSIL

23 mars-27 juin 2005, Galeries nationales du Grand Palais, 7, av. du Général-Eisenhower, entrée Clemenceau, 75008 Paris, tél. 01 44 13 17 17. Cat. RMN, 396 p., 350 ill., environ 50 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°208 du 4 février 2005, avec le titre suivant : L’art des Indiens du Brésil

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