Art et communication

L’art au secours de l’affiche

Le Journal des Arts

Le 8 octobre 1999 - 575 mots

L’affichage perd de sa force, l’affichage perd de son charme, l’affichage perd son âme. Fini, disparu « le poids des mots, le choc des photos ». La grande majorité des affiches sont surchargées, saturées de prix barrés, de slogans racoleurs, d’images médiocres, toutes plus ou moins calquées sur le même moule, sans aucune originalité.

Tel est le constat qui a été fait par les publicitaires lors du 26e Grand prix de l’Affichage, en septembre. Il faut stopper la pollution visuelle ! Fort de cet enseignement, les afficheurs ont décidé de prêter les panneaux qu’ils ne louent pas aux annonceurs à de jeunes artistes contemporains : photographes, peintres, illustrateurs... Une sorte de retour aux sources puisque ce sont bien des illustrateurs qui ont donné ses lettres de noblesse à l’affichage. Qui a oublié la vache Monsavon, le personnage de Banania, ou le Bibendum de Michelin ? Le nom de Savignac reste aussi dans les mémoires publicitaires. Depuis, une pléiade d’artistes, à la célébrité plus ou moins reconnue, sont passés sous les fourches caudines de la publicité. Quant au geste des afficheurs pour tenter de redonner à l’affiche sa gloire et ses vertus, c’est le groupe Dauphin qui a lancé le bouchon en 1996 avec Jean-Charles de Castelbajac, puis avec Jean-Pierre Formica à qui il a “offert” les cinq panneaux de la place de l’Alma pour exprimer son art (lire le JdA n° 79, 19 mars). Ce dernier vient d’ailleurs de récidiver en “habillant” le dos d’une centaine de mobiliers d’affichage dans les grandes villes de France. Mais la publicité n’a jamais complètement délaissé l’illustration. Depuis 1995, les Parisiennes de Kiraz font les beaux jours de Canderel, en se jouant de tous les publics dans des mises en scènes humoristiques et en adéquation avec la cible de chaque support. Récemment, Patchouli et Bourjois se sont eux aussi frottés à l’illustration. Tout dernièrement, c’est Europe 1 et Publicis Conseil qui ont fait appel au Hollandais Robert Wagt pour illustrer la nouvelle campagne de la station, en 4 x 3 et en presse.

Construite autour de quatre émissions phares et de la personnalité de leurs animateurs, en l’occurrence Isabelle Pelletier, Guillaume Durand, Yves Calvi et Laurent Ruquier, cette communication doit mettre en avant la relation particulière installée entre Europe 1 et ses auditeurs. Car “la radio active”, comme l’indique sa signature, est une radio “d’émotion” et de “partage”. Elle ne laisse personne indifférent. Elle captive, étonne, provoque ou fait réagir. Ses auditeurs s’impliquent, ils sont actifs et “participatifs”. Le graphisme forge le caractère de la station en lui donnant une marque de fabrique et une individualité qui lui permettent de se démarquer de la concurrence. Les mots sont des anecdotes en liaison avec les émissions concernées. Traité avec un humour décalé et assez coquin, l’ensemble est agréable à regarder, ce qui ne gâche rien. Les annonceurs seront-ils sensibles à cet appel du pied pour améliorer la qualité de leurs campagnes d’affichage, notamment les grands de la distribution qui cartonnent tous azimuts sans aucun scrupule ? Pas si sûr. On peut au moins espérer que la démarche soit profitable à l’art et à la promotion de jeunes talents.

- Europe 1 Agence : Publicis Conseil Directeur de création : Dominique Chevallier Directeur artistique : Christine Ryf Concepteur-rédacteur : Jean-François Crance / Illustrateur : Robert Wagt - Canderel Agence : Young & Rubicam Directeur de création : Gabriel Gaultier Directeur artistique : Thierry Gounaud Concepteur-rédacteur : Frédéric Beigbeder Illustrateur : Kiraz

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°90 du 8 octobre 1999, avec le titre suivant : L’art au secours de l’affiche

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