Histoire

L’Amérique était connue en Europe 150 ans avant Christophe Colomb

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · lejournaldesarts.fr

Le 21 septembre 2022 - 439 mots

Une équipe italienne a traduit un manuscrit écrit vers 1340 par un moine faisant référence à une terre à l’Ouest du Groenland.

Carte de l'Amérique réalisée par Theodore de Bry en 1596. © Picryl, Public domain
Carte de l'Amérique réalisée par Theodore de Bry en 1596.

On sait depuis longtemps que Christophe Colomb n’est pas le premier à avoir découvert l’Amérique. Des trouvailles archéologiques ont confirmé qu’autour de l’an 1000, soit cinq siècles avant le périple du navigateur génois, des vikings avaient foulé le sol du nord du continent. Mais jusqu’à présent on supposait qu’à l’époque de Colomb personne n’en savait rien. C’était avant la découverte de Paolo Chiesa, professeur de littérature latine médiévale à l'université de Milan.

Avec son équipe il a exhumé un manuscrit connu sous le nom de « Cronica universalis ». Ce manuscrit se trouve dans une collection privée new-yorkaise après avoir quitté celle de la basilique de Sant'Ambrogio à Milan dispersée par Napoléon. Son auteur est un moine dominicain du nom de Galvano Fiamma qui s’est lancé vers 1340 dans une « Histoire du monde depuis sa création ». Le projet reste inabouti, mais en le traduisant du latin une étudiante nommée Giulia Greco tombe sur une digression géographique qui l’interpelle. Après avoir fait mention de l'Islande et du Groenland le religieux précise que : « plus loin vers l'ouest, il y a une autre terre, nommée Marckalada, où vivent des géants. Dans cette terre, il y a des bâtiments avec des dalles de pierre si énormes que personne ne pourrait les construire, sauf d'énormes géants. Il y a aussi des arbres verts, des animaux et une grande quantité d'oiseaux. »

Ainsi plus de 150 ans avant le voyage de Christophe Colomb, des européens avaient connaissance de l’existence du continent américain. Galvano Fiamma explique que ses informations reposent sur les récits oraux de « marins qui fréquentaient les mers du Danemark et de Norvège », qui les auraient rapportés à des marins du port de Gênes. Marckalada est en effet presque identique au « Markland » évoqué dans les célèbres sagas nordiques : la Saga d’Erik le Rouge et la Saga des Groenlandais. Christophe Colomb originaire de Gênes, avait-il une idée de ce qui se trouvait à l'ouest avant de prendre la mer ? 

En attendant de répondre à cette question, l’équipe de Paolo Chiesa a déjà publié une partie de ses travaux dans la revue américaine Terrae Incognitae et s’est lancé dans un projet de publication critique de l’œuvre de Galvano Fiamma sur la base de photographies du manuscrit que son propriétaire leur a permis de faire. La Cronica universalis recèle d’autres surprises comme la référence à une ambassade éthiopienne à Gênes vers 1315 soit un siècle avant les premiers contacts connus entre l’Ethiopie et l’Europe occidentale. 
 

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