Grand Palais

La prime aux spécialités

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2007 - 491 mots

Le Salon du collectionneur, organisé jusqu’au 23”¯septembre à Paris, s’est encore amélioré cette année. Mais il conserve un parfum très classique.

 PARIS - Pour qui se souvient du méli-mélo de la précédente édition du Salon du collectionneur, à Paris, le nouveau cru s’est amélioré. L’ancrage au Grand Palais a d’abord été profitable sur le plan du décor, le vert uniforme des encadrements de stands renvoyant judicieusement à l’architecture métallique du site. La majesté du lieu, couplée à un public parisien composé aussi bien de Xavier Guerrand-Hermès, Maryvonne Pinault que Claude Berri, a donné, lors du vernissage, de la hauteur à la manifestation.
Encore et toujours, le salon tient sur ses grands marchands de spécialité, comme l’impeccable espace de Gisèle Croës (Bruxelles) et ses beaux récipients à vin des Royaumes combattants incrustés de turquoise, ou celui des Barrère (Paris), dont l’esprit épuré tranche avec le stand pailleté de bleu outremer, tendance Donatella Versace, de son voisin Giorgio Salvai (Paris). Pour qui se donne la peine de chercher, il y a matière à trouvaille, ainsi ces meubles aussi africanistes que cubisants de Louis Majorelle chez Françoise Livinec (Paris), celui en pin d’Oregon d’André Sornay, tout en nervures creusées telle de la laque, chez Alain Marcelpoil (Paris) ou encore le mobile seventies de Marc Cavell, sculpteur cinétique méconnu, chez Autegarden-Rapin (Bruxelles). La galerie Bel Étage (Vienne) décline pour sa part un goût Mitteleuropa entre un service à thé de Joseph Hoffmann et une étonnante horloge de Gustave Serrurier-Bovy.

Damien Hirst et le XVIIe 
Le visiteur peut aussi trouver de quoi butiner dans les collages du Minotaure (Paris), des photomontages des années 1920 du Russe Solomon Telingater aux calembours visuels de Georges Hugnet. Idem chez Bob Vallois (Paris) avec l’exposition George Herms, vieux de la vieille redécouvert en 2006 lors de l’exposition « Los Angeles 1955-1985 » présentée alors au Centre Pompidou, à Paris. Le travail d’assemblage d’objets trouvés du beatnik californien, proche d’un Ed Kienholz, s’appréhende comme un rébus dont le mystère trotte longtemps dans la tête. Deux magnifiques Dubuffet chez Boulakia (Paris) et un Hantaï surréaliste chez Les Yeux fertiles (Paris) se détachent enfin.
En mélangeant dans un esprit baroque le mobilier XVIIe avec un tondo de Damien Hirst et des accumulations d’Arman et de Marc Quinn, le marchand Jean Gismondi (Paris) a su prendre un virage aussi salutaire que pragmatique. Son stand donne d’ailleurs la mesure du marché actuel puisque le Hirst est affiché pour environ 1,5 million d’euros alors que le bureau de Pierre Gole, ébéniste de Louis XIV, se négocie autour de 300 000 euros… Gismondi a sauté dans un train que ses confrères regardent mollement passer. Car le Salon du collectionneur ne déroge pas à la règle du classicisme bourgeois, version notable de province, ni du penchant pour le kitsch, patent dans le « Parcours sculptures », une tarte à la crème que tous les futurs salons devraient bannir.

Salon du collectionneur

Jusqu’au 23 septembre, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, www.salonducollectionneur.com, tlj 11h-20h, nocturne le jeudi 20 septembre jusqu’à 22h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°265 du 21 septembre 2007, avec le titre suivant : La prime aux spécialités

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