La Loterie anglaise ne suffit plus

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 31 mars 2000 - 340 mots

La France n’est pas le seul pays à faire face au départ de son patrimoine. Le dernier rapport du Comité d’examen des exportations britannique pointe l’incapacité des musées anglais à retenir sur leur territoire des œuvres majeures.

LONDRES (de notre correspondant) - “À moins d’un changement de politique, la situation ne peut qu’empirer. Quand l’Heritage Lottery Fund a été institué, il y a cinq ans, beaucoup espéraient qu’il n’y aurait plus jamais de crise du patrimoine en Grande-Bretagne. Il semble aujourd’hui que leur espoir était vain”, note le rapport du Comité d’examen des exportations. Ainsi, acquis pour 9,3 millions de livres sterling (environ 93 millions de francs) par le Mauritshuis de La Haye, le Portrait d’un vieillard par Rembrandt n’a pas pu rester sur le sol anglais. Si la National Gallery, qui possède déjà un important ensemble du peintre, n’était pas intéressée, le comité regrette que les “autres grands musées d’Écosse, du Pays de Galles ou d’autres régions n’aient pas pu se porter acquéreur”. L’Heritage Lottery Fund (HLF) aurait dû financer 75 % de l’achat, ce qui équivaut à 70 % des allocations disponibles. Les dix-sept autorisations d’exportation reportées en 1998-99 représentent une valeur totale de 23 509 000 livres (environ 230,5 francs). Cinq œuvres ont pu être achetées par des institutions britanniques et une par une personne privée pour un total de 2 237 000 livres. Un collage de Ben Nicholson estimé 130 000 livres, pour lequel Sotheby’s a demandé une licence d’exportation, attend toujours d’être acquis par la Tate Gallery.

Le rapport souligne qu’en termes de valeur, les œuvres retenues dans le pays constituent moins de 10 % du total, une proportion décevante, aussi faible aujourd’hui qu’il y a trente ans, malgré l’institution du HLF. Même s’il peut être trompeur de retenir le chiffre d’une année fiscale particulière – les achats importants faussant les statistiques –, le montant attribué par le fonds aux achats d’œuvres d’art soumises à des demandes d’exportation est passé de 5,9 millions de livres en 1997-98 à 750 000 livres pour l’année fiscale 1999.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°102 du 31 mars 2000, avec le titre suivant : La Loterie anglaise ne suffit plus

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