Moscou

La Fondation culturelle russe

Le Journal des Arts

Le 1 mars 1994 - 440 mots

La fondation ne peut plus honorer ses engagements financiers annonce l’académicien Ligatchev. Nikita Mikhalkov, avec le soutien d’Eltsine, cherche des fonds.

MOSCOU - Le président honoraire de la Fondation culturelle russe, l’académicien Dimitri Ligatchev, âgé de 88 ans, et le réalisateur de cinéma Nikita Mikhalkov, âgé de 49 ans, qui a dirigé la Fondation l’an passé, sont en complet désaccord.

La Fondation culturelle soviétique, devenue Fondation culturelle russe après l’effondrement de l’U.R.S.S., a été créée en 1986 comme l’une des premières institutions non étatiques ; elle avait réussi, en son temps, à acquérir une autorité considérable. Cela était dû dans une large mesure au nom de son président, l’académicien Dimitri Ligatchev, et à celui de Raïssa Gorbatchev, membre du présidium de la Fondation, qui lui avait donné un statut pratiquement identique à celui des organismes d’État, plus des sources de financement. Pendant longtemps, la Fondation a réussi à attirer des dons et des legs, non seulement de l’Occident, mais aussi de l’intérieur du pays ; elle a soutenu de nombreux programmes de musées et s’est impliquée activement dans l’organisation d’expositions. La perte de sa protectrice et la dégradation de la situation économique générale ont laissé l’institution dans une situation très délicate.

Ligatchev abandonne la présidence.
Au début de cette année, l’académicien Ligatchev a annoncé qu’il ne se considérait plus comme président, et qu’il n’était plus en mesure de garantir les futurs engagements de la Fondation. Il a ajouté aussi qu’il ne pouvait pas non plus garantir que la Fondation honorerait les engagements déjà pris. Il faisait particulièrement allusion, ici, aux accords passés avec la Fondation Oppenheim. Effectivement, au moment où l’annonce était faite, le financement d’un ensemble de programmes culturels, que la nouvelle direction considérait comme "peu rentables", était arrêté. Une controverse s’est également engagée sur les moyens de se procurer de l’argent pour les activités de l’institution. Selon la conception de Dimitri Ligatchev, la Fondation devrait vivre des seuls revenus procurés par les publications et les activités culturelles. Nikita Mikhalkov, en revanche, considère que la nouvelle situation économique en Russie ne permet plus une telle attitude : "Si l’ouverture d’un restaurant peut aider à soutenir la Fondation, pourquoi ne pas en ouvrir une centaine ?"

Nikita Mikhalkov a récemment été reçu en audience par le président Boris Eltsine. Il prétend être tombé d’accord avec lui sur les solutions à apporter aux problèmes de la Fondation, en particulier sur les moyens de financer ses programmes les plus importants : le revenu de certaines taxes y serait affecté. On a également discuté des moyens de restituer à l’institution le statut international qu’elle a perdu le long des "chemins aventureux de la post-perestroïka".

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°1 du 1 mars 1994, avec le titre suivant : La Fondation culturelle russe

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