La Fondation Barnes déboutée

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 482 mots

Une nouvelle page est tournée dans la longue suite de démêlés judiciaires que connaît la Fondation Barnes. Un juge fédéral a rejeté une plainte déposée par la fondation contre ses voisins, qu’elle accusait d’entente délictueuse fondée sur des préjugés racistes.

PHILADELPHIE (de notre correspondant). La plainte déposée par la Fondation Barnes, au mois de janvier, avait pour origine son projet de construction d’un parking à la place de l’arboretum qui entoure les bâtiments qu’elle occupe à Merion, près de Philadelphie. Redoutant les nuisances provoquées par un afflux de visiteurs, les voisins de ce faubourg résidentiel se sont mobilisés contre le projet. Le président de la fondation, Richard Glanton, s’est alors tourné vers la justice, soutenant que cette réaction était motivée par des préjugés racistes : comme trois des cinq administrateurs de la fondation, il est afro-américain. Depuis cinq ans, Richard Glanton laisse rarement passer une occasion de taxer ses détracteurs de racisme, chaque fois que ceux-ci s’insurgent contre l’une de ses initiatives pour se procurer de l’argent en mettant à profit la collection d’œuvres impressionnistes et postimpressionnistes dont il a la charge. Les administrateurs de la fondation n’ont pas apporté la preuve que leurs adversaires étaient animés d’intentions racistes, et le juge fédéral, qui a refusé les poursuites, s’est contenté de préciser dans ses attendus que l’expression d’une opposition à l’égard de la construction d’un parking – quelle qu’en soit la raison – était justifiée par le Premier amendement de la Constitution américaine. La décision rendue par la cour fédérale n’a surpris personne, elle marque cependant une des rares défaites subies par la Fondation Barnes dans ses démêlés judiciaires, alors même qu’une autre de ses plaintes, déposée contre la municipalité, attend encore un jugement.

Harcèlement sexuel
Il est à craindre néanmoins que les accusations hasardeuses de racisme lancées par Richard Glanton et ses recours constants devant les tribunaux finissent par lui aliéner une partie de la clientèle qu’il s’est constituée parmi les présidents de sociétés qui acceptent de lui servir de mécènes, tout comme les directeurs de musées désireux d’obtenir des prêts.

C’est à l’initiative de Richard Glanton que la fondation doit d’avoir obtenu le droit de passer outre à ses propres règlements, qui interdisent tout prêt d’œuvres à l’extérieur ainsi que la reproduction en couleur de peintures et de dessins de la collection. Les revenus de l’exposition itinérante des peintures de la collection Barnes au Japon et en Europe ont été estimés à 17 millions de dollars (environ 90 millions de francs), mais aucun chiffre n’a été communiqué à propos de la vente des objets dérivés et des publications. Les opposants à Richard Glanton soulignent qu’on aurait tort de sous-estimer cet avocat de formation, qui dispose de nombreux appuis politiques. Récemment accusé, lors d’un retentissant procès, de harcèlement sexuel par l’une des ses anciennes collègues avocate, il aurait obtenu qu’elle retire sa plainte moyennant le versement d’une somme d’un million de dollars.

 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : La Fondation Barnes déboutée

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