La Fenice entre deux eaux

Un point sur le chantier.

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 9 mai 1998 - 487 mots

Le projet conçu par Gae Aulenti pour la reconstruction de La Fenice avait déjà commencé d’être mis en œuvre quand le Conseil d’État a écarté l’Impregilo, l’entreprise lauréate, car son projet n’incluait pas l’aile sud du théâtre, d’une superficie de près de 500 m2 (lire le JdA n° 55, 27 février). L’entreprise italo-allemande Philipp Holzmann-Romagnoli a donc été désignée pour reprendre le chantier avec le projet d’Aldo Rossi, récemment disparu. L’avocat Achille Cutrera, défenseur du groupe Holzmann-Romagnoli, nous a fait part de ses commentaires.

Comment est-il possible que les ex-gagnants aient omis dans leur projet la partie du théâtre appelée “aile sud” ?
Il s’agit d’une erreur d’interprétation des directives du projet préliminaire sur lequel était basé le concours. Tout le monde peut se tromper. L’Impregilo, après une série de protestations dans la presse par l’entremise de ses avocats, a déclaré qu’elle se retirait définitivement de la compétition. L’essentiel est qu’elle accepte de collaborer pour le passage des travaux à une nouvelle phase, afin de gagner le maximum de temps et éviter d’inutiles dépenses à l’État et à la Ville de Venise.

Quelle est, à l’heure actuelle, la solution la plus probable, pour le paiement des sommes dues ?
On trouvera la solution la plus correcte. Maintenant que le jury a revu le classement du concours en attribuant les travaux à Philipp Holzmann-Romagnoli, la municipalité va estimer le montant des travaux réalisés par l’Impregilo. Les travaux compatibles avec le projet d’Aldo Rossi, soutenu par Holzmann-Romagnoli, seront à charge de ces derniers. L’Im­pregilo a le droit d’être payée pour les travaux exécutés, mais pas de demander des dédommagements. L’État ne perdra rien. Le groupe italo-allemand a déjà déclaré publiquement qu’il entendait respecter tous les contrats déjà souscrits par l’Impregilo. Il n’y aura pas de problèmes pour la poursuite technique du chantier. Si le préfet avait agi dans ce sens dès la publication du jugement, nous aurions gagné du temps.

La presse internationale n’a pas été tendre avec cette énième “embrouille” à l’italienne.
Je tiens à rappeler que les cas d’annulation de concours internationaux ne sont pas rares et que l’Italie a mis en place un mécanisme qui garantit le report d’une entreprise à une autre lorsqu’il s’avère que le premier gagnant ne peut poursuivre les travaux commencés. Le seul reproche que j’ai envie de faire concerne le jury. Composé d’experts de toute l’Europe, il ne s’est pas aperçu que l’Impregilo avait commis une grave erreur et que celle-ci impliquait son exclusion.

Quelles conséquences peut avoir sur le projet la disparition d’Aldo Rossi ?
La meilleure façon de respecter la mémoire d’Aldo Rossi est de réaliser son projet, qui est en outre particulièrement intéressant pour Venise. En effet, dans la fameuse “aile sud”, il est prévu de construire une salle de style palladien, d’une capacité de plus de 160 places, à la fois pour les répétitions de l’orchestre et pour des concerts. La Ville pourra en disposer indépendamment de l’utilisation du théâtre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°60 du 9 mai 1998, avec le titre suivant : La Fenice entre deux eaux

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