La Corée du Nord n’oublie pas

Le Journal des Arts

Le 6 octobre 2000 - 446 mots

La Corée du Nord demande au Japon une indemnisation pour les biens culturels volés ou endommagés entre 1910 et 1945, période pendant laquelle le pays était une colonie de l’Empire japonais.

TOKYO (de notre correspondante) - La question du dédommagement a été abordée lors des dernières négociations entre les deux pays, achevées à Tokyo en août dernier. Chef de la délégation nord-coréenne, Jong Thae Hwa, a fait de “la liquidation du passé” entre les deux pays une question prioritaire. Le gouvernement japonais estime, lui, que des indemnisations de guerre seraient inappropriées, les deux pays n’étaient pas en guerre à l’époque de l’occupation coloniale. Pour les Japonais, la question des biens culturels n’est pas encore d’actualité : “Aucune discussion n’a réellement porté sur ce sujet. Les deux parties ont présenté leur situation, mais nous n’avons pas abordé les points de détail. Nous partons du principe que les biens culturels acquis durant ces années l’ont été légalement et que, de ce fait, rien ne nous oblige à les rendre ou à verser des indemnisations. Il faudrait étudier chaque cas individuellement, ce qui s’avérerait difficile en raison du temps qui s’est écoulé depuis ces événements”, a déclaré un membre du ministère des Affaires étrangères japonais.

La revendication d’une indemnisation pour les dommages causés par le Japon au trésor culturel nord-coréen, a été exprimée pour la première fois en avril, lorsque les deux pays ont repris un dialogue laissé en suspens depuis 1992. Peu après, la KCNA, agence de presse d’État nord-coréenne, accusait le Japon d’avoir perpétré des actes de vandalisme culturel durant l’occupation : “Les impérialistes japonais se sont comportés en vandales et ont emporté des trésors culturels et nationaux appartenant à la Corée“, estimait le rapport publié à cette occasion. “Au moins 1 400 tombes situées le long du fleuve Taedong ont été fouillées et pillées, et ils [les Japonais] ont emporté ces trésors, soit 42 020 reliques culturelles, au nom de la ‘recherche’. Par ailleurs, ils ont brûlé au moins 200 000 livres anciens”, indiquait l’enquête, rajoutant que les œuvres d’art confisquées ont été offertes en cadeaux, dispersées dans des collections publiques et privées japonaises ou vendues par des antiquaires. “Le gouvernement japonais devrait assumer sa responsabilité d’État pour avoir anéanti une partie de la culture coréenne, puisque les actes ont été dictés par le Japon impérialiste dans le cadre de sa politique nationale”, conclut le rapport. De leur côté, les Japonais ont fait connaître leurs conditions pour un retour à la normale des relations diplomatiques : la localisation des ressortissants japonais enlevés par des agents nord-coréens, et des informations sur l’armement en missiles de la Corée. Les prochaines discussions auront lieu dans le courant du mois.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°112 du 6 octobre 2000, avec le titre suivant : La Corée du Nord n’oublie pas

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