La belle rentrée des antiquaires

Une Biennale et des expositions à visiter

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 8 septembre 2000 - 752 mots

Économie florissante, frénésie d’achats, qualité des exposants et décor pimenté, ce cocktail détonant devrait faire de cette XXe Biennale un grand cru. 120 antiquaires, dont 6 nouveaux et 16 revenants seront au rendez-vous pour accueillir, lors de ce dernier salon du siècle, les quelque 90 000 visiteurs attendus. Dans un décor coloré, raffiné et élégant, conçu par Christophe Decarpentrie, ils découvriront un choix d’objets d’art sélectionnés par quelques-uns des meilleurs professionnels de la planète et un large éventail de tableaux anciens et modernes, plus nombreux que lors des précédentes éditions.

Cette vingtième édition devrait être exceptionnelle. D’un point de vue économique d’abord. Les indicateurs sont au vert, la confiance est là. La croissance mondiale pourrait atteindre 4,75 % cette année d’après le Fonds monétaire international, les “meilleures perspectives de l’économie mondiale depuis dix ans”, selon Horst Köhler, le directeur général du FMI. La mise en scène et la décoration, deux points forts de la manifestation, devraient contribuer, elles aussi, au succès de l’événement. Le truculent et haut en couleur décorateur belge, Christophe Decarpentrie, a imaginé un parcours contrasté ordonné autour du thème, “Paris au carrefour des continents”, offrant aux visiteurs un périple à travers l’Europe, l’Amérique, l’Asie et l’Afrique du XVIIIe siècle. En collaboration avec Patrick Jaouanet, l’architecte des Biennales, il coordonnera une équipe composée de 300 artisans – ébénistes, menuisiers, tapissiers, éclairagistes, peintres, bronziers, fleuristes – chargés d’installer décors en trompe-l’œil, végétaux, cloisons ( 8 000 m2), moquettes (6 kilomètres) et projecteurs (5 000). Des arcs de triomphe antiques entièrement blancs seront disposés le long du parcours qui mène au Carrousel pour matérialiser l’accès de la manifestation. À l’intérieur, des portes monumentales signaleront l’entrée dans le saint des saints des antiquaires, décoré aux couleurs de quatre continents. Cette édition 2 000 nous offrira l’occasion de nous pencher sur l’histoire de cette grande fête bisannuelle du marché de l’art depuis sa naissance en 1962 au Grand Palais (lire p. 14).

Davantage de tableaux
Le Carrousel du Louvre accueillera cette année 22 nouveaux exposants parmi lesquels 6 seront véritablement présents pour la première fois et 16 effectuent leur retour après une plus ou moins longue interruption (vous les découvrirez dans ces pages au fil d’un abécédaire). Les grands noms de la peinture ancienne seront bien sûr au rendez-vous comme Georges de Jonckheere, Richard Green et la galerie Sarti (ill. 2). Ils seront cependant moins nombreux (12) que leurs confrères spécialisés en tableaux des XIXe et XXe siècles (17). Cinq de ces derniers rejoindront la section tableaux modernes, plus étoffée que lors de la précédente édition. La section mobilier et objets d’art des XVIIe et XVIIIe demeure la plus importante de la Biennale avec 19 exposants. Le XXe siècle poursuit sa progression avec sept exposants dont un nouveau, la Galerie du Passage et trois revenants, Jean-Jacques Dutko, Christian Boutonnet et Raphaël Ortiz (l’Arc-en-Seine) et Philippe Denys. L’engouement que rencontrent les arts primitifs et les arts d’Extrême-Orient auprès du public a entraîné le retour de certains grands marchands comme Alain de Monbrison (art africain et océanien), Santo Micali (galerie Mermoz, art précolombien) ainsi que Jacques Barrère et Christian Deydier pour l’art d’Extrême-Orient. Cette année encore les expositions déborderont le cadre du Carrousel du Louvre pour essaimer en ville. Une quinzaine d’antiquaires parisiens dont les frères Kugel (ill. 1) organiseront dans leurs galeries, pendant la durée de la Biennale, des expositions thématiques dont vous trouverez une brève présentation en dernière page de notre “Vernissage”. Tous ces marchands ne manqueront pas de recevoir la visite de conservateurs de grands musées français et étrangers généralement actifs pendant la Biennale (lire notre article p 26-28 sur les relations entre marchands et conservateurs en Europe et aux États-Unis). Ainsi du MET qui a acquis, en 1996 auprès de Bernard Blondeel, une grande tapisserie flamande du XVIe siècle, Le Triomphe de la renommée.

La Biennale en chiffres

-122 exposants dont 106 antiquaires, 10 joailliers et 6 revues d’art -10 pays représentés -6 450 m2 de surface d’exposition -taille des stands : de 9 m2 à 70 m2 -prix des stands : de 4 450 francs à 12 000 francs le m2 -Commission de sélection : 150 experts -prix des œuvres : de 30 000 francs à plusieurs dizaines de millions de francs -prix d’entrée : 75 francs. 500 francs lors de la soirée de vernissage du 14 septembre.

- XXe Biennale internationale des Antiquaires, 15 septembre-1er octobre, Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli, 75001 Paris, tlj 11h-20h, nocturnes les lundis, mercredis et vendredis jusqu’à 23h. Catalogue 400 p., 300 ill., 250 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°110 du 8 septembre 2000, avec le titre suivant : La belle rentrée des antiquaires

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