Jawlensky : le doute s’installe

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 23 octobre 1998 - 345 mots

Au moment où la cote des peintres expressionnistes allemands est au plus haut, l’authenticité de plusieurs œuvres d’Alexej von Jawlensky est mise en question. Des toiles douteuses datant des années 1910, dont certaines sont reproduites dans le catalogue raisonné de l’artiste établi par ses descendants, figuraient au sein de deux expositions importantes cette année et dans une vente organisée par Christie’s en 1994.

LONDRES (de notre correspondant) - Femme espagnole à l’écharpe rouge a été vendue 540 000 livres sterling (5 millions de francs) chez Christie’s, le 13 octobre 1994, à un particulier qui a découvert quelque temps plus tard que le tableau était un faux. Le client a restitué l’œuvre et a été remboursé par la maison de vente, qui a admis son erreur. Les assureurs de Christie’s se sont retournés contre le précédent propriétaire du tableau, Charles Tabachnick. L’affaire devrait être jugée devant un tribunal londonien dans les prochains mois. Le tableau contesté figure néanmoins dans le catalogue raisonné de l’artiste, sous le n° 486, comme une œuvre de 1912 qui aurait été vendue aux enchères à Hambourg en 1980. Angelica Jawlensky Bianconi, petite-fille de l’artiste et co-auteur du catalogue raisonné, a déclaré à notre partenaire éditorial, The Art Newspaper, “que rien ne permettait de douter de l’authenticité de ce tableau”.

Plusieurs spécialistes, dont Bernd Fäthkem, commissaire d’une exposition Jawlensky en 1983, ont émis des doutes à propos de deux peintures exposées à l’Ostwall Museum de Dortmund jusqu’au 15 novembre. Le Visage du Christ, dernière version, reproduit dans le catalogue raisonné (n° 1071) comme datant de 1919, serait étrangement semblable à un autre tableau – authentique – du peintre. Lolita, reproduite dans le catalogue (n° 514) et présentée à Dortmund comme étant une toile de 1912, est elle aussi suspecte : la signature ne serait pas conforme à celle que l’on retrouve sur les tableaux de cette période. Des interrogations portent également sur un ensemble d’aquarelles exposées au début de cette année au Musée Folkwang, à Essen. Depuis une dizaine d’années, les Archives Jawlensky, à Locarno, ont recensé plus de deux cents faux.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°69 du 23 octobre 1998, avec le titre suivant : Jawlensky : le doute s’installe

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