Institut du Monde arabe : « une survie menacée »

Les solutions du nouveau président Camille Cabana

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 455 mots

La saison 1996-1997 de l’Institut du Monde arabe (IMA) sera marquée par deux grandes expositions : \"À l’ombre d’Avicenne\" et \"Soudan, au pays des deux Nils\". En raison des difficultés financières de l’IMA, l’exposition \"déserts-Désert\" a été reportée sine die.

PARIS - L’incertitude qui entoure l’avenir de l’Institut du Monde arabe n’est toujours pas levée, huit mois après l’entrée en fonction de son nouveau président Camille Cabana. Cependant, celui-ci a donné récemment quelques indications sur les solutions qu’il préconise.

Le budget de l’Institut, qui est de 100 millions de francs par an, est en théorie couvert par les cotisations de la France à hauteur de 60 %, et à 40 % par les États arabes membres. Mais jusqu’à présent, ces derniers se sont montrés pour la plupart de fort mauvais payeurs, plongeant ainsi l’IMA dans de graves difficultés financières. En 1994, ils n’ont versé que 5 millions de francs sur les 40 prévus, le total des arriérés s’élevant aujourd’hui à près de 300 millions de francs.

Constatant que "la survie de l’institution est menacée", Camille Cabana indique avoir adopté trois axes afin de remédier à l’irrégularité du versement des cotisations par les États membres. Il propose notamment à ceux qui le souhaitent de régler leurs arriérés pour solde de tout compte. Ils seront ensuite quittes de toute contribution. Le total des arriérés versés constituera le capital d’un fonds dont les intérêts serviront à financer les activités de l’Institut.

L’IMA transformé en établissement français
Une idée qui pourrait, dans le pire des cas, laisser la France seule contributrice, et transformer de fait l’IMA en établissement français. Camille Cabana rejette cette perspective : "J’y suis opposé et cela ne se fera pas sous ma présidence". Le président de l’IMA a également proposé de "mettre en place un mécénat privé" et de prendre des mesures de réorganisation interne, en particulier pour ce qui concerne la bibliothèque. Par ailleurs, depuis le 1er juin, un contrôle financier a été mis en place, et un audit est mené conjointement par l’inspection des Finances et l’inspection des Postes diplomatiques du ministère des Affaires étrangères.

Quant à l’exposition "déserts-Désert", très controversée – prévue initialement en avril et pour laquelle le précédent président de l’IMA, Edgard Pisani, s’était personnellement engagé –, elle s’est perdue dans les sables, reportée "en attendant des jours meilleurs". Camille Cabana a justifié cette décision par le coût de l’exposition : un coût de 20 millions de francs avait été avancé, incompatible avec les difficultés financières de l’Institut. Malgré tout, la programmation culturelle de la saison 1996-1997 est relativement étoffée et sera marquée par deux grandes expo­sitions : "À l’ombre d’Avi­cenne" (18 no­vembre-2 mars), sur la médecine au temps des califes, et "Soudan, pays des deux Nils" (4 février-31 août).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Institut du Monde arabe : « une survie menacée »

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