Hommage à Jean Chatelain

Disparition d’un homme d’ouverture

Par Jean-Marie Schmitt · Le Journal des Arts

Le 1 mai 1996 - 344 mots

Jean Chatelain, ancien directeur des Musées de France, est décédé le 18 avril, à l’âge de 79 ans.

PARIS - Ceux qui réfléchissent actuellement aux nécessaires évolutions du marché de l’art et à la manière de s’adapter à la mondialisation des échanges de biens culturels tout en respectant le fragile équilibre du patrimoine peuvent relire avec profit les nombreux écrits de Jean Chatelain. Dès la première édition en 1982 de l’un de ses nombreux livres, Œuvres d’art et objets de collection – qui reste une référence –, il avait pris l’exacte mesure des problèmes et traçait des voies qui sont aujourd’hui de pleine actualité. Dans un texte intitulé "L’art de scier la branche…", publié en septembre 1994 par Le Journal des Arts, il le démontrait à nouveau. Si Jean Chatelain a anticipé les événements, c’est parce qu’il les a vécus comme acteur sans s’enfermer dans un rôle ou un système. Professeur des universités, professeur à l’École du Louvre, directeur des études à l’Éna, directeur des Musées de France (1962-1974), il a assumé ses différentes responsabilités sans pour autant cesser d’être lui-même, c’est-à-dire vivant, spirituel et un tantinet poète : il aimait conclure les débats austères, passionnés ou inquiets sur le patrimoine, le commerce de l’art, les trafics de biens culturels, en rappelant que ce qui compte aussi, ce sont les fleurs du printemps et le rire des jolies femmes. C’est parce qu’on savait sa tolérance et sa compétence que les institutions publiques et privées françaises, européennes, ou in­ter­nationales le consultaient régu­lièrement et lui demandaient d’arbitrer les débats entre libéraux et conservateurs à propos du commerce des œuvres d’art. Ses travaux sur la gestion des musées, le trafic d’œuvres d’art, le commerce des biens culturels ont inspiré des réglementations nouvelles. Nombre de ses propositions restent valables et permettraient d’approcher le nouvel équilibre que cherche le marché. Il nous avait fait l’honneur de son amitié et de la générosité de ses conseils.
Quand un vieux monsieur savant s’en va, on se dit que c’est dans l’ordre des choses. Pour nous, c’est plus qu’une présence qui s’efface.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°25 du 1 mai 1996, avec le titre suivant : Hommage à Jean Chatelain

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