Hoet arrête le Smak

Par Renaud Faroux · L'ŒIL

Le 1 juillet 2003 - 416 mots

Il incarne l’avant-garde artistique européenne. Avec Harald Szeemann, Germano Celant, Rudi Fuchs, Catherine David... Jan Hoet a placé l’art de la confrontation au cœur de la ville de Gand au Smak (Stedeliijk Museum voor Actuel Kunst).

« Hommage à Vincent » présentait les affrontements et les complicités tissées entre l’art et la folie ; dans les « Chambres d’amis », des artistes s’exposaient dans des appartements et maisons de la ville. Jan Hoet est un de ces conservateurs qu’on qualifie d’extrémistes tant son parti pris ne souffre pas de compromis. Après vingt-cinq ans d’attente impatiente, confiné dans une aile du musée d’Art ancien, Jan Hoet a enfin ouvert son musée d’Art contemporain en 1999. La première initiative concernant un musée d’Art contemporain en Belgique n’est pas venue de Bruxelles, la capitale, ni d’Anvers, le pôle financier, mais bien du centre de la Flandre orientale qui, avec Hoet, ouvrait la voie, dès 1975, à des expérimentations artistiques nouvelles.

« Exposition temporaire et salles de musée doivent se fondre pour donner naissance à une muséologie mobile : tout doit en permanence changer », souligne le créateur du Smak qui prône un perpétuel chaos maîtrisé. Hoet, en bon disciple de Beuys, pense que l’art peut changer la vie et que le « musée doit devenir un territoire où l’on fait rentrer le monde ». En quatre ans d’existence, le Smak est resté un espace créé pour la démesure où Hoet s’est aventuré sans craindre les tempêtes en présentant de grandes expositions consacrées à Kiefer, Golub, Appel, Serra, Oleg Kulik, Kounellis, Baselitz... En guise d’adieu à la cité, il va présenter quatre-vingt-dix artistes belges autour de cinquante ans de création ancrée dans le terroir avec Burssens, Landuyt, Mendelsohn, Peire, Leblanc, Bram Bogart, Raveel, De Keyser, Panamarenko, De Cordier, Jan Fabre, Wim Delvoye, Tuymans... Ce panorama est l’occasion de dresser un bilan, de revisiter et réinterpreter les dernières annales de l’art belge. En même temps, les œuvres du musée vont être déplacées dans différents lieux de la ville : Anselmo, Nauman au château des Comtes, Mario Merz à l’Opéra flamand, Kieffer, Kruk, Rückriem à l’Hôtel de ville… Hoet va quitter son musée pour un autre centre de création en Allemagne, le M.ART.A, dans la ville d’Herford en banlieue de Osnabrück. Dans ce lieu en construction, petite vague métallique construite par Frank Gehry au milieu de nulle part, il va perpétuer ce goût de la dérision et de la poésie aux limites de l’absurde qui reste la marque des gens du Nord.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°549 du 1 juillet 2003, avec le titre suivant : Hoet arrête le Smak

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