Art et communication

Giraudy émule de Dauphin

Le Journal des Arts

Le 12 mai 2000 - 544 mots

Après Dauphin (lire le JdA n° 79), Giraudy ouvre l’espace public aux artistes avec l’opération « un Artiste dans la Rue ».

Si Giraudy n’est pas l’initiateur du concept, il l’a adapté, décliné et élargi en fonction de ses aspirations propres. La démarche est d’ailleurs différente de celle de Dauphin dans son cheminement. Michel Cacouault, président de Giraudy et amateur d’art à titre personnel, loin de toute velléité de plagiat, a simplement eu envie de dynamiser le réseau via le domaine artistique. Plutôt que de se disperser à tout vent dans des actions ponctuelles, ce sera là “le mécénat de Giraudy”. S’il est toujours question d’offrir aux intéressés des panneaux publicitaires pour s’exposer, le projet prend une autre variante dans sa concrétisation. L’opération est systématique, répétitive et prête à s’inscrire dans le temps autour d’une discipline différente chaque année. Lancée en partenariat avec l’École nationale supérieure des beaux-arts, l’intention est de promouvoir à travers la France entière de jeunes artistes désignés par un jury composé de personnalités du monde des arts et des lettres, d’élus et de représentants de la presse.

Première étape Paris où, après une sélection faite parmi douze diplômés par Alfred Pacquement, le directeur des Beaux-arts récemment nommé à la tête du Musée national d’art moderne, le premier heureux élu distingué par ce jury est Zbigniew K. Adach, artiste polonais diplômé de l’année 1996, qui vit et travaille en France depuis une dizaine d’années. Le 1er mars, son œuvre a eu les honneurs de la cour Bonaparte des Beaux-arts sur le tout nouveau panneau déroulant de 12 m2 de Giraudy. Un autre biais, pour l’afficheur, de manifester son esprit d’innovation et de démontrer la bonne intégration du matériel dans le paysage urbain. En juillet, les murs de la capitale accueilleront l’œuvre durant une semaine sur une centaine d’affiches en 4x3. Ce tableau – dont l’intitulé “B.C. n’aime ni fraises ni citrons” est une “private joke” avec sa compagne – n’a pas été créé pour la circonstance mais choisi notamment pour sa lisibilité après agrandissement en grand format et sa capacité d’adaptation au support. Puisque Giraudy n’entend pas en rester à un simple coup isolé destiné à meubler les espaces laissés souvent vides en période estivale, il va reconduire cette action de mécénat dans les plus grandes villes de France. Dans chacune d’elles, toujours avec la participation de l’École supérieure des Beaux-arts locale, un jury désignera son lauréat. Précurseur de cette initiative tournée vers la province, Nancy ouvrira le bal fin juin, suivie de Bordeaux, Lille... Outre la campagne d’affichage, les vainqueurs bénéficieront d’une bourse de 30 000 francs.

L’affichage est, par excellence, le média qui “saute aux yeux”. Imparable et incontournable, il fait partie intégrante de la ville, il s’inscrit au quotidien dans l’espace environnemental de chacun. Une affiche peut véhiculer le rêve et l’émotion. Or, l’art n’est-il pas porteur de ces mêmes expressions ? L’art contemporain dans la rue, c’est forcément bien. Pour les passants, qui exercent ainsi leur œil à une culture qui ne leur est pas toujours familière. Pour les artistes, qui ont une chance unique d’être vus par le plus grand nombre. Pour les afficheurs, qui ont tout à gagner en notoriété et en reconnaissance. Pour l’art enfin, qui y découvrira peut-être les grands maîtres de demain.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°105 du 12 mai 2000, avec le titre suivant : Giraudy émule de Dauphin

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