Italie

Gênes ignore ses bienfaiteurs

Les statues abandonnées illustrent une page de l’histoire de la ville

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1994 - 392 mots

L’hôpital Pammattone, construit au XVIe siècle, a été démoli dans les années cinquante pour faire place au quartier de Portoria. Indifférence et désolation entourent la centaine de statues et de bustes en marbre abandonnés aux intempéries dans les jardins de l’hôpital San Martino.

GÊNES - Les statues conservées de l’hôpital Pammattone furent réalisées entre la seconde moitié du XVIe et le XIXe siècle. Les bustes et les grandes statues en marbre représentant des bienfaiteurs de l’hôpital, dont Marcello Durazzo, Ansaldo Grimaldi, ou Nicolo Pallavicini, qui ont donné des sommes importantes à des œuvres pieuses ou à des organismes d’assistance et veillé pendant des siècles sur Gênes, ont alors été déplacés. Déposés – en principe temporairement, il y a une quinzaine d’années –, ils sont depuis abandonnés au milieu des broussailles dans les jardins de l’hôpital San Martino.

Ils sont l’œuvre des sculpteurs Francesco Schiaffino, Giulio De Ferrari, Papeo Carlone ou Tommaso Orsolino. Les différents organismes qui pourraient prendre en charge la conservation et la restauration de ces statues refusent de les assumer. Italia Nostra s’est contentée, il y a six ans, d’en regretter l’abandon. L’administration de l’hôpital San Martino ne veut pas abriter les sculptures. En janvier 1987, Luciano Volpato, président de l’Unità Sanitaria Locale 13, écrivait à l’adjoint à la Culture de la municipalité de Gênes que, d’après la loi de 1978, le sort du patrimoine artistique de l’hôpital était de la compétence de la municipalité. Celle-ci soutient qu’aucune loi régionale ne codifie la transmission du patrimoine artistique. Il ne faut donc rien attendre de la municipalité en l’absence d’un texte officiel.

La surintendance des Biens artistiques a fait des photographies et établi un répertoire "pour pallier à tout risque de dispersion". "Les statues sont en très mauvais état, couvertes de moisissures et de mauvaises herbes. Certaines sont très intéressantes ; les inscriptions qu’elles portent permettant d’identifier des personnages dont on a les portraits. Il faut absolument faire quelque chose", dit-on à la surintendance des Biens artistiques. Quatre statues ont été restaurées et placées à l’intérieur de la Loggia Banchi.

L’ensemble monumental récemment restauré de l’Albergo dei Poveri, organisme d’assistance hospitalière, dispose de vastes salles et abrite déjà quelques statues de bienfaiteurs ; elle pourrait sans doute accueillir les statues abandonnées. Mais personne ne semble se préoccuper de mettre à l’abri ces œuvres d’art qui font partie de l’histoire de Gênes.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°8 du 1 novembre 1994, avec le titre suivant : Gênes ignore ses bienfaiteurs

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