Maîtrise d’œuvre

Fin de monopole hasardeuse

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 15 avril 2009 - 320 mots

Des architectes peu qualifiés pourraient être autorisés à intervenir sur certains monuments historiques classés.

PARIS - Les architectes du patrimoine croyaient avoir obtenu gain de cause. Ils craignent aujourd’hui de boire la tasse. Pressé par la Commission européenne d’abolir le monopole des architectes en chef des Monuments historiques (ACMH), le ministère de la Culture a promulgué, en septembre 2007, un décret ouvrant aux professionnels de l’espace communautaire la maîtrise d’œuvre sur les immeubles classés n’appartenant pas à l’État. Saisi par les architectes du patrimoine – des architectes libéraux ayant suivi la même formation que les ACMH –, le Conseil d’État a annulé le 8 octobre 2008 cette disposition, au motif qu’elle était discriminatoire : elle écartait les architectes français. Depuis cette date, le ministère de la Culture doit donc proposer un nouveau texte. Jean-Paul Mauduit, président de l’Association des architectes du patrimoine, s’inquiète de l’une de ses dispositions. Le nouveau texte précise en effet que ces travaux pourront être effectués par des « architectes titulaires du diplôme de spécialisation et d’approfondissement (DSA) en architecture mention “architecture et patrimoine” ou de tout autre diplôme de niveau équivalent ». Or, si la formation dispensée par l’École de Chaillot, d’où sont issus les architectes du patrimoine, est un DSA, d’autres 3es cycles de ce type existent dans plusieurs écoles nationales d’architecture. « Beaucoup de confrères pourraient alors prétendre intervenir sur ces monuments sans en avoir la formation », poursuit-il. Si ces enseignements sont de qualité, ils n’ont pas le même objectif de formation pratique, et se réduisent à trois options : « XXe siècle », « Architecture de terre » et « Patrimoine des villes orientales ». Loin, très loin des 2 400 heures au total de la formation dispensée par l’École de Chaillot, qui voit donc là sa spécificité remise en cause par le ministère de la Culture. Avec un risque patent pour la qualité des prestations menées sur les monuments classés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°301 du 17 avril 2009, avec le titre suivant : Fin de monopole hasardeuse

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