Art et communication

Eros intra muros

Le Journal des Arts

Le 12 septembre 1997 - 410 mots

Comment savoir si, cet été, les flèches de Cupidon ont été nombreuses et perçantes. Quoiqu’il en soit, les afficheurs ont profité des emplacements publicitaires quelque peu désertés en cette période estivale pour nous offrir un brin d’érotisme.

Une peinture murale sortie tout droit de la Maison du Centenaire, à Pompéi et représentant une scène d’amour, a ainsi envahi 12 000 pan­neaux en France durant les mois de juillet et d’août. Cette fresque polissonne montre combien grande était la liberté d’expression il y a deux mille ans. La liberté d’expression est, en effet, le thème générique que l’agence Alice et les annonceurs (la Chambre syndicale de l’affichage et l’Union pour la publicité extérieure) ont choisi de décliner à travers cette campagne. Les murs ont toujours été des supports notoires de l’expression humaine, notamment à travers l’art pariétal qui, sous sa forme première, représente généralement des mains et des pieds. Une main venue de la Grotte Cosquer sera donc le deuxième visuel qui illustrera ce concept. Pour Nicolas Monnier, président de l’agence Alice, "la démarche initiale était de donner à l’affichage la place qu’il mérite dans le monde des média, car s’il est en général à dominante commerciale, pour générer du business, il occupe aussi un rôle primodial dans la cité et la vie de ses habitants. Il s’agissait de rendre plus visible cette grande part que l’affichage peut prendre auprès des collectivités, des associations et des grandes causes..." Au-delà de cette phase symbolique, c’est une action de sensibilisation auprès de ces instances que les afficheurs entendent mener. Une communication qui se décline dès aujourd’hui. Le principe visuel reste le même, c’est-à-dire qu’à l’intérieur du cadre défini, chacun peut transmettre son message. Le slogan “La liberté d’expression est née sur les murs” demeure, et "Les afficheurs vous offrent la possibilité de vous exprimer" est la signature qui figure sur toutes les affiches. Une démarche louable d’autant plus que c’est l’une des rares fois, si ce n’est la première, qu’un média s’organise pour aller au-devant du public et lui prouver son utilité. Et n’en déplaise à ceux qui auraient pu être choqués par cette volupté dévoilée, à la question : L’art peut-il faire tomber les tabous ?, Nicolas Monnier répond : L’art poétise les choses et permet donc de parler de certains sujets sans heurter les sensibilités. À bon entendeur, salut !

Agence : Alice / Directeur de création : Jacques Vauchelle / Directeur artistique : Jean-Michel Vigier / Concepteur-rédacteur : Olivier Lecot

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°43 du 12 septembre 1997, avec le titre suivant : Eros intra muros

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