Entretien

Emanuel Rahm : « l’art inspire et connecte les communautés »

Maire de Chicago

Par Sarah Belmont · Le Journal des Arts

Le 24 mai 2017 - 662 mots

Deux cents nouvelles œuvres d’art seront essaimées dans les rues de Chicago. L’occasion pour Emanuel Rahm, le maire de la ville, de partager ses ambitions en matière de politique culturelle.

Pourquoi investir davantage dans l’art public ?
Chicago jouit d’une riche tradition dans ce domaine, du fameux « Bean » [le Cloud Gate d’Anish Kapoor, ndlr] de Millenium Park aux murs peints de Pilsen, Hyde Park et Bronzeville, en passant par la 606, cette ancienne voie de chemin de fer jalonnée de graffitis. The Year of Public Art (en français l’Année de l’art public) consiste à honorer cette tradition, et à faire en sorte que l’art, condensé dans le centre-ville, gagne progressivement tous les quartiers de Chicago. Deux projets ont été mis en place en ce sens, à commencer par le « 50 x 50 Neighborhood Arts Project ». Le premier « 50 » fait référence  aux cinquante circonscriptions de Chicago, tandis que le second évoque le cinquantième anniversaire de deux œuvres fondatrices : la sculpture de Picasso au pied du Daley Plaza et le Wall of Respect qui se tenait autrefois au coin de la 43e rue et de Langley Avenue. Le contexte idéal pour investir un million de dollars dans de nouvelles installations publiques ! Autre initiative visant à ancrer l’art et la culture dans nos communautés : le Chicago Cultural Plan. Ce plan culturel, le premier depuis trente ans, a pour principal objectif de redresser notre croissance économique, quartier par quartier, et ainsi de redorer l’image de Chicago sur la scène internationale.

Vous avez déclaré que « l’art [était] vital à l’esprit de quartier ». Qu’entendez-vous par là ?
L’art connecte et inspire les communautés. Le Wall of Respect, conçu en 1967, est le fruit d’une collaboration entre plusieurs artistes soucieux de raconter l’histoire de la communauté afro-américaine. Cette œuvre collective symbolise la solidarité et la passion d’un groupe soudé. Bien que détruite, elle continue d’inspirer les street artistes d’aujourd’hui.

Vous avez soutenu le projet de musée de George Lucas avant qu’il ne soit reporté en Californie tout comme The Year of Public Art, qui comportent tous deux un volet éducatif important. Quels sont pour vous les enjeux de l’éducation ?
L’une de mes priorités, quand j’ai pris mes fonctions, était de donner aux jeunes l’opportunité d’apprendre et de s’impliquer dans des projets communautaires, tout au long de l’année, en dehors des heures cours. Grâce au programme One Summer Chicago, plus de 30 000 emplois et stages rémunérés ont été créés pour les 14-24 ans. Il fusionne cette année avec le Public Art Youth Corps du Department of Cultural Affairs and Special Events, dont Mark Kelly vient de prendre la tête. Chaque stagiaire sera associé à une circonscription et payé dans le cadre d’une mission particulière. Cette expérience doit permettre aux jeunes de développer leur sens de la communauté et de découvrir les débouchés qui s’offrent à eux dans la filière artistique. Et c’est l’occasion pour Chicago de voir naître les génies créatifs de demain.

Pourquoi avoir fait de Mark Kelly votre commissaire aux Affaires culturelles ?
Durant toute sa carrière au Columbia College Chicago, Mark Kelly s’est battu pour rendre l’art accessible au plus grand nombre. C’est à lui que l’on doit le Wabash Arts Corridor, superbe installation qui englobe quarante muraux dans le South Loop, carrefour actuel du street art. Sa capacité de rassembler les individus et les groupes ne peut que nous aider à renforcer le rayonnement de Chicago à l’échelle nationale et mondiale.

L’art public est-il beaucoup plus présent à Chicago que dans les autres villes américaines ?

Chicago est l’une des premières villes à avoir voulu répandre l’art public sous toutes ses formes au-delà de son centre. Depuis 1978, le Percent-for-Art Program n’a cessé d’inspirer d’autres grandes villes américaines. Grâce à ce programme, les installations urbaines bénéficient d’1,33 % de ce qui est dépensé pour la construction et de rénovation de monuments publics. Avec The Year of Public Art, ce budget a déjà doublé de valeur. L’art est omniprésent à Chicago. Près de cinq cents œuvres se répartissent entre les bouches de métro, les stations de police, les bibliothèques municipales… À ce palmarès viendront prochainement s’ajouter deux cents créations nouvelles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°480 du 26 mai 2017, avec le titre suivant : Emanuel Rahm : « l’art inspire et connecte les communautés »

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