Donation majeure pour la Tate Gallery

Janet de Botton offre 56 œuvres

Le Journal des Arts

Le 10 avril 1998 - 585 mots

Grâce à la générosité de Janet de Botton, la Tate Gallery de Londres vient de s’enrichir de 56 œuvres d’artistes anglais et américains, comme Warhol, Gilbert & George ou Cindy Sherman. Enthousiasmée par la future Tate de Bankside, la donatrice a offert un tiers de sa collection, commencée en 1970.

LONDRES - Grâce aux millions de la Loterie, la Tate Gallery a pu lancer la construction du musée de Bankside. Mais l’aide gouvernementale ne cessant de se réduire depuis dix ans, elle ne dispose pas des ressources nécessaires à l’acquisition d’œuvres pour les futures salles. Trustee de la Tate Gallery pendant la préparation de Bankside, Janet de Botton a souhaité remédier à cette situation en lui offrant une partie de sa collection : “Je n’aurais pas été tentée de donner des œuvres à la Tate Millbank. L’espace y est trop restreint. Mais ce nouveau bâtiment m’a inspirée. C’est pour moi une chance de voir les œuvres que j’aime, les œuvres qui ont fait partie de ma vie – qui m’ont fait évoluer d’une certaine façon – si idéalement présentées. Cela m’a paru une bonne idée et jusqu’à présent, je ne suis pas déçue.” Les cinquante-six œuvres d’art américaines et anglaises d’une valeur de 2,3 millions de livres (23 millions de francs), qu’elle vient de remettre à la Tate, constituent la donation la plus importante reçue par le musée depuis celle de Lord McAlpine en 1970. Les plus célèbres sont d’Andy Warhol, Carl Andre, Gilbert & George et Cindy Sherman et enrichissent des collections déjà étoffées. En revanche, celles de Roni Horn, Gary Hume, Reinhard Mucha, Lucas Samarras et Nancy Spero y font leur entrée. La plupart de ces pièces, encore inconnues du public, sont exposées à la Tate Gallery jusqu’au 26 avril.

Étonnante candeur
Janet de Botton, ex-épouse de Michael Green, président de Carlton Communications, et membre de la famille Wolfson réputée pour sa philanthropie, n’a commencé à acquérir des œuvres que dans les années soixante-dix. La qualité de sa collection en fait l’une des plus remarquables du pays. Pourtant, elle parle avec une étonnante candeur des humbles débuts de son entreprise : “J’ai acheté mon tout pre­mier tableau – un John Hoyland – comme un simple objet de décoration.” Sa capacité d’acquisition a vite dépassé celle de ses murs. Cela ne l’a pas arrêtée, elle s’est simplement organisée pour stocker les œuvres. De même, leur grand format n’a jamais constitué un obstacle, mais a contribué à la valeur de sa collection. Sa maison de Chelsea, où elle habite avec son second mari, le financier suisse et collectionneur Gilbert de Botton, regorge de tableaux et de sculptures, identifiables au premier coup d’œil. Sa donation en représente environ un tiers, choisi par la Tate Gallery comme elle l’y avait généreusement invitée. Elle n’avait imposé que peu de réserves : un Twombly auquel elle est particulièrement attachée, les deux portraits de Mao par Warhol qu’elle garde dans son bureau – elle en a proposé deux autres à la place – , un Tim Rollins qu’elle venait d’acheter et qu’elle a promis de léguer à la Tate.

Même si elle admet des erreurs, ses choix se sont dans l’ensemble révélés très judicieux. Ainsi, elle a su remarquer, alors qu’ils étaient encore inconnus, quelques artistes comme Julian Schnabel. La préférence donnée à l’abstraction dans sa collection est un reflet de ses enthousiasmes : “Je n’ai jamais pris conseil”, avoue-t-elle. Si elle a parfois songé à ouvrir sa propre galerie, elle n’a certainement jamais acheté en pensant à la Tate Gallery.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : Donation majeure pour la Tate Gallery

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