D.H. Lawrence, peintre scandaleux

Vers un retour des œuvres bannies ?

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 368 mots

Bannies d’Angleterre pour pornographie, des peintures de l’auteur du Quatuor d’Alexandrie ont réapparu au Nouveau-Mexique. Elles pourraient être acquises par le D.H. Lawrence Centre de l’université de Nottingham lors de leur prochaine mise en vente.

LONDRES (de notre correspondant). Dix tableaux "obscènes" de D.H. Lawrence pourraient bien retourner en Grande-Bretagne, près de cinquante ans après en avoir été bannis. Les œuvres sont actuellement accrochées dans un hôtel de Taos, au Nouveau-Mexique, perdu au milieu du désert. À la suite du décès de Saki Karavas, propriétaire de l’établissement, elles vont bientôt être vendues.
Ces tableaux avaient été saisis par la police en 1929, à la Warren Gallery de Londres. Malgré leur valeur artistique, attestée par des témoins de la bonne société, la cour avait estimé qu’ils contrevenaient à la loi de 1857 sur les publications obscènes. D.H. Law­rence, qui se trouvait alors à Florence, écrivit à un ami pour lui demander de sauver ses œuvres de la destruction : “Si tu dois promettre de ne plus jamais les montrer en Angleterre, peu m’importe. L’Angleterre pourra changer d’avis plus tard si elle le veut, mais elle ne pourra jamais faire renaître une image brûlée.” D.H. Lawrence est mort l’année suivante et les tableaux sont revenus à sa veuve Frieda, qui s’est installée aux États-Unis. En 1956,  le troisième mari de Frieda en a vendu certains au propriétaire de l’hôtel La Fonda. Saki Karavas a laissé les œuvres à deux de ses amis, les promoteurs immobiliers Bob et Jim Sahd. Juridiquement, le territoire britannique leur reste interdit, mais il est peu probable qu’une action en justice soit entreprise pour empêcher leur retour. Même si plusieurs tableaux représentent des corps nus enlacés, ils ne sont pas de nature à choquer les regards contemporains. Le D.H. Lawrence Centre de l’université de Nottingham pourrait se porter acquéreur des œuvres si les prix annoncés par l’ancien propriétaire sont revus à la baisse. Peu de temps avant sa mort, Karavas en avait réclamé 15 millions de livres, un prix excessif pour des tableaux qui sont loin d’être des chefs-d’œuvre. Toute leur valeur réside dans ce qu’ils révèlent de leur auteur. “Les tableaux reprennent les thèmes de ses écrits”, confirme Peter Preston, directeur du D.H. Lawrence Centre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : D.H. Lawrence, peintre scandaleux

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