Deux, c’est mieux qu’une

Des Fondations Malevitch se créent simultanément

Le Journal des Arts

Le 13 avril 2001 - 557 mots

Deux nouvelles fondations dédiées à Kazimir Malevitch vont voir le jour cette année. Sans lien aucun, elles seront créées à l’initiative, d’une part, d’une association internationale de musées, de l’autre, des héritiers de l’artiste. Cette double création intervient au moment où Inkombank, une banque russe en faillite, souhaiterait mettre en vente sa collection riche de trois Malevitch.

SAINT-PETERSBOURG (de notre correspondant) - S’il n’existait, jusqu’à présent, aucune fondation dédiée à Kazimir Malevitch (1878-1935), l’année 2001 va en voir naître deux simultanément. La famille Malevitch et une association de musées – le Stedelijk Museum d’Amsterdam aux Pays-Bas, le Musée d’État de Saint-Pétersbourg et le Guggenheim de New York – ont annoncé leurs intentions respectives. Tandis que le musée russe détient la plus riche collection au monde d’œuvres de l’artiste, l’institution néerlandaise possède, avec quelque 70 tableaux, gouaches et dessins, le plus vaste noyau de Malevitch hors de Russie. Les héritiers revendiquent cependant la possession de ces œuvres. En mars, des représentants des musées américain, européen et russe se sont réunis à Amsterdam en vue de la création d’une fondation internationale à laquelle souhaiterait également s’associer la Galerie Tretiakov à Moscou. La fondation viserait à promouvoir l’étude et la conservation des œuvres de Malevitch et d’autres artistes de l’avant-garde russe, et à soutenir la recherche et la publication d’ouvrages sur le sujet ainsi que la coopération entre ces musées et d’autres institutions culturelles. “L’une des raisons de la création de cette fondation réside dans le fait que le Stedelijk Museum accueille depuis peu les 79 pièces de la collection Khardzhiev en prêt à long terme ; cela a déclenché plusieurs campagnes de recherches en collaboration avec la Russie”, a déclaré Jelle Bouwhuis, porte-parole du Stedelijk. Réunies par le collectionneur russe Khardzhiev, ces œuvres étaient, selon la Russie, sorties illégalement du pays dans les années 1990. Chacune des deux parties – famille et association de musées – a été surprise d’apprendre le projet de l’autre. Clemens Toussaint, historien de l’art allemand et représentant de la famille depuis une dizaine d’années, estime que “ces musées sont en train d’instaurer une concurrence ridicule ; une plainte a d’ailleurs été déposée contre le Stedelijk par la famille Malevitch”. Selon lui, l’initiative des musées viserait peut-être à unir leurs forces contre la famille qui, forte de sa victoire sur le MoMA (lire le JdA n° 88, 10 septembre 1999), pourrait réclamer d’autres œuvres. En effet, suite à un arrangement conclu avec le musée new-yorkais, les héritiers de Malevitch ont obtenu la restitution de Composition suprématiste, vendue aux enchères chez Phillips pour une somme équivalente à 122 millions de francs (lire le JdA n° 106, 26 mai 2000), en plus de la compensation de 30 millions de francs versée par le même musée pour les autres œuvres qu’il détient. Les héritiers Malevitch réclament également trois œuvres de la collection Inkombank, une banque russe qui a fait faillite. Cette dernière compte, en effet, parmi ses 800 œuvres d’art, la quatrième version du Carré noir, un autoportrait et un portrait de la femme de l’artiste. Si la banque a pensé à une vente aux enchères pour rembourser ses dettes, le gouvernement russe interdit la sortie du territoire des œuvres. Quoi qu’il en soit, Clemens Toussaint assure que “la fondation ne sera en aucun cas chargée de revendiquer la propriété des œuvres, mais se consacrera à la recherche”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°125 du 13 avril 2001, avec le titre suivant : Deux, c’est mieux qu’une

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