Florence

Découverte d’un crucifix d’Andrea Verrocchio

Il est présenté dans la salle Verrocchio du Bargello

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1994 - 380 mots

Un événement exceptionnel va illustrer à Florence la \"Semaine des biens culturels\" : on présentera le 6 décembre, au Musée du Bargello, un crucifix en bois d’Andrea Verrocchio, découvert et authentifié par Beatrice Paolozzi-Strozzi, directrice adjointe du musée, et restauré pour le compte de la surintendance par Lisa Venerosi Pesciolini, avec la contribution et l’assistance technique de l’Opificio delle Pietre Dure. L’auteur de la trouvaille et de l’attribution a bien voulu répondre à nos questions.

Dr. Paolozzi-Strozzi, comment est-il possible qu’une œuvre importante soit restée ignorée ? Où et comment l’avez-vous découverte ?
Au cours d’une visite de la surintendance dans les locaux de l’ancienne confrérie de San Francesco Poverino, dont le siège se trouve sur la place SS. Annunziata, en face de l’Ospedale degli Innocenti. Là, dans un réduit contigu à l’oratoire, au milieu des rebuts, j’ai remarqué un crucifix de taille moyenne (87 cm de haut), recouvert d’une épaisse couche de repeints. Ce crucifix n’était signalé sur aucun inventaire, mais il m’a paru digne d’attention malgré son mauvais état de conservation. Il a fallu ensuite deux ans de lent décapage pour que la sculpture apparaisse dans toute son authenticité.

Quels sont les éléments qui vous ont permis de l’attribuer à Verrocchio ?
Des motifs d’ordre formel, mais aussi historiques, bien que le travail de vérification documentaire ne soit pas encore terminé. Vasari parle de "crucifix de bois" exécutés par Verrocchio, mais dont on n’avait aucun exemple. Les rapprochements avec l’Incrédulité de saint Thomas (à Orsanmichele) et avec le Baptême (aux Offices) ont été très convaincants.
La présentation de l’œuvre dans la salle Verrocchio du Bargello permettra au public de tirer lui-même les conclusions qui s’imposent.

Quel pouvait être l’usage d’un crucifix de cette dimension ?
Il est fort probable qu’il était placé sur le petit autel du dortoir de la confrérie, car c’était une "compagnie de nuit" et de discipline, dans laquelle les membres veillaient à tour de rôle. Un document de 1479 mentionne effectivement un tel crucifix sur l’autel. On sait par ailleurs que Verrocchio a reçu plusieurs commandes des maîtres de Florence, les Médicis, et que la confrérie comptait parmi ses membres de grands bourgeois influents comme Donato di Neri Acciaiuoli, proche de Leon Battista Alberti, et des artistes aussi importants que Paolo Uccello et Luca della Robbia.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°9 du 1 décembre 1994, avec le titre suivant : Découverte d’un crucifix d’Andrea Verrocchio

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