Jean-Luc Martinez, président-directeur du Louvre

Dans les cartons du Musée du Louvre

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 22 septembre 2015 - 651 mots

Né en 1964, Jean-Luc Martinez est président-directeur du Musée du Louvre depuis 2013. Il y a précédemment dirigé le département des Antiquités grecques, étrusques et romaines.

Le 17 octobre sera inaugurée la Petite Galerie, en quoi consiste-t-elle ?
Jean-Luc Martinez
Il s’agit d’un espace d’introduction à l’histoire des arts. Il s’adresse en priorité au public scolaire et familial mais sans être clivant. C’est un laboratoire d’expérimentation en termes de rassemblement d’œuvres et de médiation ; un des projets que j’ai présentés en prenant mes fonctions. Je l’ai pensé comme une opération pérenne sur le principe d’une exposition par an (d’octobre à juillet) traitant d’une thématique à travers la relation des arts figurés avec l’architecture, la musique, la danse et le cinéma. La Petite Galerie est aussi une introduction à la visite des salles permanentes, en partant de l’aile Richelieu, la moins visitée. Une tentative d’irriguer différemment le musée.

Envisagez-vous d’autres lieux d’initiation ?
Le Pavillon Sully, qui ouvrira en juillet 2016, participe de la même logique. L’histoire du Louvre, jusqu’ici concentrée dans les salles à l’entrée du pavillon, va être redéployée et cet espace sera plus tard dévolu aux arts graphiques, auparavant dispersés dans le musée. Tout cela n’était pas très lisible et j’ai souhaité, à la fois pour des raisons de flux et de cohérence, redonner au pavillon son rôle de colonne vertébrale du musée. Les nouvelles salles offriront des clefs d’interprétation du musée et de ses collections. La salle de la Maquette abordera l’histoire du palais et la salle de la Chapelle présentera l’ensemble des parcours à travers une vingtaine d’œuvres.

Pourquoi mettre autant l’accent sur les collections ?
Le Louvre est à la fois un musée pour les scolaires et pour les amateurs, et un site très touristique avec 70 % de visiteurs étrangers. Ces publics très diversifiés viennent dans leur énorme majorité pour les collections permanentes. C’est pourquoi il faut mobiliser toutes les énergies pour les mettre en valeur. Cela veut dire les rendre accessibles par l’amélioration des conditions d’accueil mais aussi par la médiation, à commencer par la traduction systématique des cartels en anglais. Parallèlement, nous rénovons aussi les parcours. Le projet du Grand Louvre a déjà trente ans et certaines salles n’ont pas été revues depuis. Nous repensons leur accrochage pour les rendre plus compréhensibles. Concrètement, il s’agit de repeindre, de refaire l’éclairage et de nettoyer les collections. Mais c’est aussi un exercice d’actualisation scientifique. Un accrochage correspond au goût d’une époque et à ses connaissances ; depuis, des attributions ont changé et d’autres œuvres ont été achetées. Nous voulons aussi mettre la programmation au service des collections pour réconcilier nos publics. Je voudrais que le public de proximité se sente à l’aise dans ce musée touristique et que les touristes découvrent autre chose que ce pour quoi ils sont venus. L’idée, c’est que le public qui vient pour les expositions ait envie de revoir les salles de la période correspondante et que ceux qui visitent les collections poursuivent leur visite dans les expositions. Nous avons commencé par la peinture et la sculpture française des XVIIIe et XIXe siècles en lien avec la saison qui s’ouvre, dédiée au XVIIIe siècle. L’année prochaine, ce sera au tour de la peinture française et hollandaise du XVIIe en vue de l’exposition Vermeer. Puis, sans doute, la peinture flamande et ensuite la peinture italienne en préparation de l’exposition Léonard de Vinci prévue en 2019. À partir de 2018, nous réfléchissons à un projet décennal portant sur des rénovations plus fondamentales concernant notamment les salles des Antiquités grecques, étrusques et romaines.

Le Louvre
Créé en 1793, le musée est l’un des trois plus grands au monde ; il compte huit départements couvrant l’art de l’Antiquité à 1848.

9,3 millions
de personnes ont visité le musée en 2014.

La Petite Galerie est un dispositif d’éducation artistique et culturelle ; son exposition inaugurale s’intéresse aux mythes fondateurs du 17 octobre au 4 juillet 2016.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°683 du 1 octobre 2015, avec le titre suivant : Dans les cartons du Musée du Louvre

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