Cure de sommeil à Genas

La programmation d’art contemporain révisée

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 382 mots

Après le Centre d’art de Saint-Priest à l’automne et l’Artothèque de Villeurbanne en janvier, la Maison des expositions de Genas est aujourd’hui le troisième lieu pour l’art contemporain de la banlieue lyonnaise dont la programmation est remise en question.

GENAS (de notre correspondant) - Après la suppression du poste de directeur artistique du Centre d’art contemporain de Saint-Priest, l’arrêt des expositions de l’Artothèque de Villeurbanne, la Maison des expositions de Genas est à son tour soumise à des demi-mesures : pas de fermeture, mais un "endormissement" qui n’a rien d’enchanteur. La municipalité RPR, qui succède à une coalition apolitique, a en effet décidé de mettre un terme à douze années d’expositions, menées avec rigueur par Colette et Jean-Claude Guillaumon, en invoquant l’argument budgétaire.

Un prétexte "fallacieux" aux yeux de Colette Guillaumon, qui remarque que la Maison "ne coûtera pas moins cher puisqu’il y aura toujours des expositions, mais d’une autre nature". Foire aux papillons et parcours littéraires devraient se substituer dès l’automne aux expositions d’art contemporain. "Tout cela est très proche de la censure, et j’ai parfois l’impression qu’on veut donner des gages au Front national en mettant un coup d’arrêt à ce qui permet aux Genassiens d’échanger des idées", déplore celle qui, chaque année depuis l’ouverture, assure des activités pédagogiques auprès de plus de 700 élèves.

Crise des structures intermédiaires
Crée en 1982, la Maison des expositions a en effet réussi le tour de force de susciter un public sans sacrifier à la qualité des choix artistiques. Alternant des expositions de jeunes artistes, le plus souvent régionaux, avec quelques noms plus connus (comme Patrick Raynaud à l’automne dernier) pour crédibiliser le lieu, la programmation a été unanimement saluée.

Avec cette fermeture déguisée, Lyon et sa couronne perdent une nouvelle chance de voir se développer un véritable tissu artistique. Une débandade contre laquelle personne ne semble en mesure de lutter, pas même l’État qui, malgré les lettres de protestation de son représentant Jean-François de Canchy, délégué aux Arts plastiques, n’a obtenu qu’une fin de non recevoir. Ce nouvel épisode illustre la perte d’influence de l’État face à des collectivités locales toujours plus indépendantes, et la confirmation de la crise des structures intermédiaires destinées à faire émerger les artistes.

Maison des expositions, 1 place de la Libération, Genas. Tél. : 78 90 13 05

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Cure de sommeil à Genas

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