Italie

Culture, ma non troppo

Le Journal des Arts

Le 4 février 2005 - 648 mots

Le gouvernement italien a fortement réduit le budget de la Culture en 2005, obligeant les institutions publiques à réduire leurs dépenses.

ROME - Le budget de la Culture en Italie sera en 2005 l’un des plus faibles de ces dernières décennies, contraignant les institutions publiques à réduire leurs dépenses. Pour les plus pessimistes, il s’agit d’une véritable banqueroute. Les fonds du ministère italien des Biens et Activités culturels pour l’année 2005 vont s’élever à 2 227 millions d’euros (pour 2 787 millions d’euros en France, hors budget audiovisuel). Les parts dites « juridiquement obligatoires » totalisent plus de 95 % du financement total alloué, contrairement aux prévisions de 2004 qui indiquaient un pourcentage plus faible, de 85 %. Mais la note s’annonce encore plus salée puisque ces chiffres ne tiennent pas compte de la loi approuvée par le Sénat, qui limite à 2 % le plafond de la hausse des dépenses totales de l’administration publique. Selon les premières estimations, cette réduction devrait dépasser les 27 millions d’euros. Le dernier coup de grâce a été donné par le gouvernement qui a posé la question de la confiance sur le « maxi-amendement » de la loi de finances pour 2005 destiné à remplacer le projet 3223, sous prétexte que cette loi risquait de ne pas être votée avant les vacances de Noël. Le gouvernement italien a profité de l’occasion pour donner un grand coup de ciseaux qui réduira le budget de l’administration publique de 600 millions d’euros en 2005, et de 850 millions en 2006 et en 2007. Il s’agit de montants globaux, qu’il faudra répartir. Pour le ministère de la Culture, cette réduction pèsera sur les fonds déjà affectés et se traduira par une perte de 532 millions d’euros. Les craintes majeures concernent le Fonds unique pour le spectacle mais d’autres postes pourraient également en pâtir, et notamment ceux relatifs au financement de la bibliothèque nationale de Rome et au fonctionnement des Instituts centraux, de l’École italienne d’archéologie d’Athènes, de l’Académie des Lincei et d’autres instituts et fondations.

Amendement très controversé
En ce qui concerne la Culture, l’analyse du budget 2005 doit davantage porter sur ce qui manque plutôt que sur ce qui a été voté. Le financement du Musée de la Shoah de Ferrare ainsi que celui destiné au fonctionnement d’Arcus SA (Société pour le développement de l’art, de la culture et du spectacle) ont été soumis à l’état de projet à une autre commission parlementaire. Ces mesures permettraient d’augmenter de 3 à 5 % les financements à la Culture pour les investissements en infrastructures, mais, compte tenu des réductions du budget de l’État, ces augmentations restent nettement en dessous des promesses faites par Silvio Berlusconi et des attentes du ministre de la Culture, Giuliano Urbani.
Rien de nouveau non plus sur l’amendement très controversé du député de Forza Italia Gianfranco Conte, relatif à l’amnistie des biens archéologiques (lire le JdA n° 207, 21 janvier 2005). Le député semble toutefois décidé à ne pas renoncer à sa proposition de loi « Recensement des biens privés à caractère artistique, historique, archéologique et ethno-anthropologique, cession et circulation de ces biens », qui apporte des modifications au code Urbani, véritable « amnistie par défaut ».
En revanche, l’article sur les « Dispositions en matière de conservation des biens culturels » a été approuvé par la loi des finances, sans modifications substantielles au texte initial. Cet article permet de céder à des privés, en échange d’un loyer, des immeubles propriétés de l’État, des régions et d’autres administrations locales, en état d’abandon ou nécessitant une intervention de sauvegarde. La loi prévoyait initialement que le bien soit donné en concession, mais un amendement voté le 8 décembre dernier a changé la concession en simple usage, limitant ainsi le pouvoir décisionnel des privés. Les monuments, les musées, les sites archéologiques et tout autre site déjà affectés à des fonctions culturelles sont toutefois exclus de cette disposition.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°208 du 4 février 2005, avec le titre suivant : Culture, ma non troppo

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