Culture : le « Pacs » qui veut rassurer

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 14 avril 2000 - 461 mots

Pour pallier l’absence de définition précise de leurs rôles respectifs au ministère de la Culture, Catherine Tasca et Michel Duffour affichent un « Pacs » qui veut rassurer.

PARIS - La rue de Valois a déjà connu bien des avatars : ministère des Beaux-arts, simple secrétariat d’État, culture et communication, culture sans communication, culture et francophonie... mais l’invention d’un secrétariat d’État au Patrimoine et à la Décentralisation culturelle dans le gouvernement Jospin 2 a de quoi surprendre et reste une énigme. Équilibre politique oblige, il fallait donner aux communistes un portefeuille supplémentaire, dont a hérité le sénateur PC des Hauts-de-Seine Michel Duffour. Mais devant la presse, celui-ci a reconnu en toute humilité “qu’il aurait pu être nommé auprès de tout autre ministre”. La nouvelle ministre, Catherine Tasca, a assuré que l’idée d’un tel secrétariat d’État était sortie du chapeau de Lionel Jospin, mais elle n’a pu vraiment justifier le bien-fondé de telles attributions et s’est efforcée, en revanche, de démontrer que le ministère restait un tout. Fine diplomate, elle a bien déclaré, qu’après la décentralisation de mission des années 60-80, “l’État doit passer à la décentralisation de partage et de partenariat sans rien abandonner de ses responsabilités propres”, et que Michel Duffour – “un moteur renforcé pour ce ministère” – aura “le soin de développer cette dimension de notre projet commun”. Mais elle a surtout souligné “qu’il n’y aura qu’un seul ministère, une seule politique. Il n’y a pas de séparation fonctionnelle, de division des compétences, aucune direction, aucun service ne sera décroché ou divisé”. En clair, patrimoine et architecture restent réunis dans une même direction. Non seulement le tutoiement est de rigueur entre les deux nouveaux occupants de la rue de Valois, mais plusieurs conseillers sont membres des deux cabinets. Gilbert Métoudi et David Caméo ont été reconduits dans leurs fonctions respectives de directeur de cabinet et conseiller technique (arts plastiques et musées) dans le cabinet de la ministre, mais le nouveau directeur de cabinet de Michel Duffour, Alain Van der Malière (ex-directeur régional des Affaires culturelles d’Île-de-France) est également directeur-adjoint de celui de Catherine Tasca. Faute d’attributions précises, peut-on craindre une certaine confusion et un ralentissement du traitement des dossiers ? Pas du tout, “faites-nous confiance pour nous transmettre les dossiers”, a assuré Catherine Tasca. En l’absence de définition précise du rayon d’action du secrétaire d’État, une répartition des rôles s’esquisse néanmoins. Catherine Tasca gérera la machine à Paris, tandis que Michel Duffour, “homme de terrain”, a annoncé “qu’il allait entreprendre un Tour de France”. Par ailleurs, collectionneurs, marchands et conservateurs de musées peuvent être rassurés. Interrogé sur le souhait du député maire de Seine-Saint-Denis apparenté communiste Jean-Pierre Brard d’inclure les œuvres d’art dans l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF), il s’est déclaré “très réticent, comme Robert Hue”...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°103 du 14 avril 2000, avec le titre suivant : Culture : le « Pacs » qui veut rassurer

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