DISPARITIONS

Cruz-Díez, Takis, Velickovic et Raymonde Moulin se sont éteints cet été

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 5 septembre 2019 - 495 mots

France. La France les avait accueillis et plus ou moins bien reconnus. Trois de ses artistes sont décédés cet été.

Depuis 1963, son atelier parisien était installé dans un ancien commerce du 9e arrondissement et l’on devine encore certaines de ses créations derrière les carreaux de verre opaque. Difficile d’imaginer que Carlos Cruz-Díez, né en 1923 à Caracas (Venezuela), n’est plus, lui qui ne cessa d’inventer des façons de rendre compte de « la couleur au présent, en train de se faire ». « Physiochromies », « Chromointerférences », « Transchromies », « Chromosaturations »… : il avait commencé à élaborer ses dispositifs cinétiques, exposés à la galerie Denise René à Paris dès 1968, sur une machine à sérigraphier. L’informatique lui avait ouvert de nouvelles perspectives et c’est au Panama qu’étaient fabriquées ses réalisations gigantesques. Cruz-Díez, disparu le 27 juillet dernier, n’a pas bénéficié de la grande exposition dont il rêvait au Centre Pompidou, mais, depuis 2005, Houston, où le Museum of Fine Arts lui consacra une rétrospective en 2011, abrite la Cruz- Díez Foundation.

C’est à Athènes que Vassilakis Panayotis Takis est né en octobre 1925, et il y est mort le 9 août. Mais c’est entre Paris et Londres que se déroula la carrière artistique de Takis, commencée dans les années 1950. Cet autodidacte passionné par l’énergie des champs magnétiques a opéré une révolution dans la sculpture : ses « Signaux » longilignes et ondoyants, emblématiques de son œuvre, ont été exposés partout dans le monde et le sont en ce moment même à Londres, à la Tate Modern, qui lui consacre jusqu’au 27 octobre une rétrospective.

Enki Bilal nous confiait récemment son admiration pour Vladimir Velickovic, né comme lui à Belgrade (Yougoslavie), en 1935. Premier prix de peinture à la Biennale de Paris en 1965, l’éternel « yougo-nostalgique » avait choisi de s’installer l’année suivante dans la capitale française. En 2015, le Musée de l’Hospice Saint-Roch à Issoudun (Indre) consacra une rétrospective à ce représentant de la Figuration narrative dont la peinture reflétait une vision du monde désespérée, déclinée dans une palette cendre et rouge sang. Membre de l’Académie des beaux-arts, Velickovic avait été élu au fauteuil de Bernard Buffet le 7 décembre 2005. Il s’est éteint le 29 août. Il préparait pour les Capucins de Landerneau (Finistère) une exposition qui ouvrira en décembre prochain.

Tous ont débuté dans les années 1950-1960, quand « l’art qu’on appelait […] l’art vivant, […] dépendait essentiellement du marché parce qu’il n’était pas compris, ni acheté par les institutions », expliquait Raymonde Moulin au micro de France Culture en 2003, ajoutant : « cet aspect “drôle” de l’argent dans le domaine de l’art m’a intéressée dès le départ ». Ainsi la sociologue née à Moulins (Allier) en 1924 fit-elle sensation en 1967 avec la publication aux Éditions de Minuit de sa thèse sur « Le marché de la peinture en France ». En 1983, elle fonda le « Centre de sociologie des arts », devenu, fin 1984, le « Centre de sociologie du travail et des arts », qu’elle dirigea jusqu’en 1992. Raymonde Moulin nous a quittés le 9 août dernier.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : Cruz-Díez, Takis, Velickovic et Raymonde Moulin se sont éteints cet été

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