Changement de direction

Renouveau au British Museum et à la National Gallery

Par Martin Bailey · Le Journal des Arts

Le 21 décembre 2001 - 700 mots

En proie à une grave crise financière depuis un an, le British Museum s’est trouvé un nouveau directeur en la personne de Neil MacGregor. Occupant le poste clé d’une des plus importantes institutions britanniques, il devra faire face à une situation pour le moins tumultueuse. Pour le remplacer à la National Gallery, les candidatures affluent de toutes parts.

LONDRES (de notre correspondant) - Directeur de la  National Gallery depuis 1987, Neil MacGregor va rejoindre le British Museum (BM). Si la presse considère Charles Saumarez Smith, directeur de la National Portrait Gallery, comme le favori, plusieurs autres grands noms convoitent ce poste clé des musées britanniques. Parmi les conservateurs et directeurs sur les rangs, trois travaillent ou ont travaillé à la National Gallery : Christopher Brown, John Leighton et Nicholas Penny. Michael Clarke et Timothy Clifford viennent, quant à eux, des National Galleries of Scotland, tandis que Andrew Sayers est directeur de la National Portrait Gallery d’Australie et Desmond Shawe-Taylor de la Dulwich Picture Gallery. Au nombre des candidatures qui doivent être déposées avant le 21 janvier, comptera-t-on des postulants nord-américains ? Outre-Atlantique, les salaires des grands directeurs sont deux à trois fois plus élevés qu’au Royaume-Uni.

Toutefois, l’appel à candidature pour le poste de Londres mentionne un salaire “qui ne sera pas inférieur à 100 000 livres sterling”(plus d’un million de francs). La concurrence pour la direction de la National Gallery sera rude et il faut s’attendre à l’entrée en lice de candidats surprises. En 1987, Neil MacGregor était le deuxième choix des administrateurs, après l’Américain Ted Pillsbury qui a préféré rejoindre le Kimbell Art Museum. Universitaire, puis directeur du Burlington Magazine, Neil MacGregor n’avait aucune expérience dans le monde des musées, mais il est devenu selon Peter Scott – président de l’institution – “l’un des plus brillants directeurs” de l’histoire de ce musée. Recherchant désormais quelqu’un qui ait une “bonne compréhension des mécanismes des collections, qui sache s’adresser avec aisance à un public varié et qui montre des aptitudes à diriger”, les administrateurs de la National Gallery rendront leur décision en avril pour que le nouveau directeur puisse entrer en fonction dans le courant de l’été. Neil MacGregor quitte la National Gallery couvert d’éloges et la presse n’hésite pas à le qualifier de “saint”, suite à son exposition “Seeing Salvation”, qui fut un très grand succès.

Malgré le charisme légendaire de Neil MacGregor, la direction du BM relève du défi en ces temps de crise financière (lire le JdA n° 135, 26 octobre 2001). À partir du 1er août, il prendra ses fonctions dans un musée déserté par ses directeurs et ses visiteurs. En effet, Suzanna Taverne, à la fois directrice générale et directrice financière, qui avait prévu de rester jusqu’en mars, devrait quitter le musée à la fin du mois de décembre. Graham Green, son président, et Robert Anderson, directeur depuis 1992, ont tous deux annoncé leur départ à la retraite pour la fin juin. En outre, cette institution, riche de quelque 7,5 millions d’objets – contre 2 200 peintures à la National Gallery –, subit de plein fouet une crise financière qui a imposé plusieurs coupes budgétaires importantes. Le programme des expositions est en cours de modification : “À la recherche du Paradis : l’art de cour dans l’Iran safavide”, qui aurait dû ouvrir en mai 2002, vient d’être différée, et d’autres manifestations pourraient être annulées. L’entretien du bâtiment sera réduit, ce qui permettra une économie annuelle d’un million de livres. Les programmes pédagogiques sont annulés et la plupart des nominations à de nouveaux postes sont suspendues.

Quant aux musées étrangers qui empruntent des œuvres au BM, ils devront prendre à leur charge la totalité des frais occasionnés par les prêts. Seuls les projets essentiels, comme la restauration de la King’s Library et l’ouverture de la Wellcome Gallery, prévues pour 2003, sont maintenus. Neil MacGregor devra donc réussir à trouver des locaux pour accueillir le personnel et les boutiques des départements qui auraient dû s’installer dans le Study Centre, dont la réalisation sera très probablement annulée. Selon Suzanna Taverne, “l’entrée gratuite au BM est menacée”. Et elle signale également que le gouvernement “n’accorde pas suffisamment de subventions pour nous permettre de remplir nos fonctions les plus élémentaires”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°139 du 21 décembre 2001, avec le titre suivant : Changement de direction

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