César mis en examen

Une sculpture installée à Lyon aurait été surfacturée

Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 464 mots

Une sculpture monumentale vendue à une société immobilière lyonnaise est à l’origine des ennuis judiciaires de César, mis en examen pour “complicité et recel d’abus de biens sociaux�?. La justice lui reproche de l’avoir surfacturée, tout en offrant au promoteur deux œuvres d’une valeur équivalant au surcoût.

LYON - La justice décidément n’épargne personne, pas même les vieilles gloires de l’art contemporain. Ainsi le sculpteur César a-t-il été mis en examen par le juge lyonnais Marc Laleix, et placé sous contrôle judiciaire pour “complicité et recel d’abus de biens sociaux”, à la suite de la vente d’une sculpture. Il a par ailleurs dû acquitter une caution de 300 000 francs, requise par le juge pour le paiement éventuel d’une indemnisation que de­mande le liquidateur judiciaire de la Société lyonnaise de conseil en investissement (Slyci). En 1989, cette société avait acheté à César une sculpture monumentale en bronze, haute de cinq mètres et pesant dix tonnes, représentant un homme-oiseau en équilibre instable. Baptisée L’homme du futur, mais également connue sous le nom de Patineur ou Homme de la liberté, elle se dresse près de l’Opéra, dans le centre de Lyon. L’artiste est soupçonné d’avoir surfacturé l’œuvre, évaluée 2,5 millions de francs dans le devis initial mais finalement vendue 3,2 millions de francs à un ancien promoteur lyonnais, Henry Pochon, dont la société immobilière, la Slyci, a été placée en liquidation judiciaire l’an dernier. M. Pochon a lui-même été mis en examen dans le cadre de cette transaction, pour “abus de biens sociaux”.

Demande de non-lieu
Cette variation du prix trouverait son explication dans une modification du projet initial, César ayant jugé la première mouture inadaptée au lieu. Les enquêteurs du SRPJ de Lyon ont cependant découvert que le sculpteur avait offert au promoteur deux œuvres, une compression et un tableau, dont la valeur – environ 800 000 francs – était équivalente au surcoût, une fâcheuse coïncidence qui jette le doute sur sa bonne foi. Me Paul Lombard, avocat de César, devrait bientôt réclamer le non-lieu pour son client, en expliquant qu’“il est absolument courant de donner un cadeau à un amateur d’art dans le cadre d’une bonne relation”, après une vente “de cette importance”. Cette affaire a en effet le mérite de mettre en lumière cette pratique fréquente, qui permet de soutenir la cote de certains artistes. Mais, en l’occurrence, la sculpture a été payée par une société et le “cadeau” a bénéficié à un seul des associés. C’est ce qui justifie les poursuites engagées contre le promoteur et l’artiste.

En février 1997, L’homme du futur avait déjà causé du souci à César. Le Tribunal de commerce de Lyon, à la suite de la mise en liquidation de la Slyci, avait ordonné la vente aux enchères de la sculpture, et l’artiste avait refusé qu’elle soit déplacée.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : César mis en examen

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