L’exposition \"déserts-Désert\" est reportée

Camille Cabana, nouveau président de l’IMA

Le Journal des Arts

Le 1 janvier 1996 - 714 mots

Camille Cabana, le nouveau président de l’Institut du monde arabe (IMA), a consacré l’essentiel de ses premières semaines d’activité à essayer de régler les problèmes liés à l’exposition « déserts-Désert », très controversée. Il annonce qu’elle sera retardée et réalisée selon d’autres modalités.

PARIS - "L’exposition "déserts-Désert" doit se faire, mais, je ne pense pas que nous tiendrons la date d’avril annoncée jusque-là", a déclaré au Journal des Arts Camille Cabana, le nouveau président de l’Institut du monde arabe (IMA). Son prédécesseur, Edgard Pisani, s’était personnellement engagé dans un projet qu’il avait demandé à diriger lui-même, alors que les autres grandes expositions étaient sous la responsabilité du directeur général de l’Institut.

Son départ précipité le 15 novem­bre, quatre mois avant la fin de son mandat, est en partie lié aux critiques virulentes qui entourent ce projet. "Cette exposition ne se fera pas non plus selon les modalités initialement prévues", ajoute Camille Cabana. En clair, le budget, dont le montant avait défrayé la chronique, sera réduit. Son coût avait été évalué à 20 millions de francs, une somme particulièrement élevée étant donné les difficultés financières de l’Institut du monde Arabe. D’autant plus que les sponsors et les mécènes ne se sont pas bousculés jusqu’à maintenant, en dehors des gouvernements jordanien, malien et mauritanien. La chercheuse canadienne Wanda Vitali reste chargée de cette exposition, dont le concept plutôt complexe n’a pas encore été bien compris au sein de l’institution. L’accent porte avant tout sur la mise en scène, les objets exposés devant être peu nombreux. La société Cofino, par contre, ne fait plus partie du projet depuis sa mise en liquidation judiciaire en octobre. Cette société, qui avait monté "Cité-Ciné" à La Défense, était chargée de la scénographie.

Un président à temps partiel
Avec Camille Cabana, l’Institut du monde Arabe se dote d’un président moins affectivement lié au monde arabe qu’Edgard Pisani, excellent connaisseur de cette partie du monde. Mais les relations entre l’ancien président de l’IMA et les États arabes s’étaient détériorées au fil des années.

Gestionnaire rigoureux, réputé pour sa dureté et son caractère obstiné, Camille Cabana cultive une apparence austère, à l’opposé de celle de son prédecesseur, intellectuel à la barbe paternelle.
Il devra avant tout trouver une solution au déficit cumulé de l’IMA, qui s’élève à près de 300 millions de francs. Ce déficit s’explique principalement par les arriérés dus par les pays arabes membres. La France assure 60 % du budget de l’IMA, et les 40 % restants sont à la charge des pays arabes. Mais ceux-ci n’ont versé, pour leur quote-part de 1994, que 5 millions de francs sur les 40 prévus. "Quand nous aurons convaincu tous nos partenaires que l’Institut est un patrimoine commun, où chacun peut s’exprimer, le problème financier devrait par là-même trouver une solution apaisée", remarque Camille Cabana.

Le nouveau président ne se consacrera pas à plein temps à l’IMA : "Je continue à conserver mes fonctions d’adjoint au maire de Paris, chargé des Finances", souligne-t-il.

UN AMI DE VINGT ANS DE JACQUES CHIRAC

Interrogé sur les raisons qui l’ont conduit à accepter la présidence de l’Institut du monde arabe, Camille Cabana répond sans hésitation : "Parce qu’on me l’a demandé". Ce fidèle de Jacques Chirac a rencontré le président de la République en 1977, alors qu’il était jeune préfet. Celui-ci le nomme secrétaire général de la nouvelle mairie de Paris. Camille Cabana a alors la charge de faire fonctionner une machine faisant travailler pas moins de 40 000 fonctionnaires. Né dans les Pyrénées-Orientales en 1930, dans une famille de modestes maraîchers, l’actuel président de l’Institut du monde arabe s’est élevé dans la hiérarchie sociale à la force du poignet. Jeune homme, un brevet d’études primaires supérieures en poche, il se retrouve au Maroc, fonctionnaire des PTT. Pendant plusieurs années, il passe concours interne sur concours interne jusqu’à celui de l’Ena en 1962. De ses années à Marrakech et à Ouarzazate, il ne semble guère vouloir se souvenir, même si, depuis, il a été fait officier du Ouissam Alaouite par le roi Hassan II du Maroc. En 1986, Camille Cabana devient ministre chargé de la Privatisation, puis de la Réforme administrative, et enfin des Rapatriés. Élu sénateur RPR de Paris en 1991, il conserve ses fonctions d’adjoint au maire de Paris, chargé de l’Urbanisme, puis des Finances.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Camille Cabana, nouveau président de l’IMA

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